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Chères toutes, chers tous,
Dans notre nouveau livre, nous avons abordé un des centres névralgiques de la méthode - la grande difficulté de nombre de patient·es qui nous sont confié·es: la difficulté de survivre aux affres de douleur.
J'ose lever un coin du voile sans consulter ni mes co-autrices ni notre éditrice:
[Le] thème de la complexité des temporalités à relier nous permet d’aborder un des centres névralgiques de la prise en soins des douleurs neuropathiques des patient·es, à savoir, leur difficulté à survivre, l’idée d’attenter à sa Vie, la proximité de la mort :
« Je souffre de voir que je suis seule et que personne ne peut m’aider. Si je partais, les autres le verraient-ils ? Et si je mettais un terme à ces douleurs qui me torturent le corps et l’esprit, serais-je enfin tranquille ? Mon âme, mourante, allait forcément prendre le dessus. Et puis je la vis. Cette oasis en plein désert. Une main tendue qui s’avance vers moi. Je n’ai d’autres choix que de l’accepter. » (Girard, 2021)
Afin d’accueillir ces survivant·es, il est fécond d’envisager la mort aussi comme un processus en faisant face à la perspective de notre mort de notre vivant, plutôt que de l’ignorer (Dalaï Lama, [2004]) et, par la suite, d’un éventuel processus de deuil. « Nous ne pouvons pas dire qu’il n’y a rien au-delà de ce que nous percevons par nos cinq sens. » (Dalaï Lama, 2013) La réaction de notre culture est souvent toute différente :
« Lorsque j’arrivai pour la première fois en Occident, je fus choqué par le contraste qui existait entre l’attitude envers la mort que j’avais connue jusqu’alors et celle que je rencontrais maintenant. (…) Je découvris que de nos jours, on apprend aux gens à nier la mort et à croire qu’elle ne représente rien de plus qu’un anéantissement et une perte. » (Sogyal Rinpoché, 2013)
Plus proche géographiquement de la francophonie, Etty Hillesum, 28 ans, écrivait le vendredi 3 juillet 1942, une année avant d’être gazée par les nazis :
"Met ’met het leven afgereken’ bedoel ik : de mogelijkheid van de dood zo absoluut in mijn leven opgenomen, mijn leven a.h.w. verruimd met de dood, met het onder de ogen zien en aanvaarden van de dood, van de ondergang, van iedere soort van ondergang, als behorende bij dit leven. Dus niet a.h.w. van dit leven nu al een stuk te offeren aan de dood, door de angst van de dood en het niet aanvaarden van de dood, door dat niet aanvaarden en door al die angsten hebben de meesten nog maar een armzalig en vermink stukje leven overgehouden, wat nauwelijks nog leven te noemen is. Het klinkt bijna pa-radoxaal: door de dood buiten zijn leven te sluiten, leeft men niet een volledig leven en door de dood binnen zijn leven op te nemen, verruimt en verrijkt men zijn leven." (Hillesum, 1981)
« L’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ; regarder la mort en face et accepter cette mort, cet anéantissement, toute forme d’anéantissement, comme partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie. A l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen pour le plus grand nombre, parce qu’on en a peur et qu’on ne l’accepte pas, de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée, méritant à peine le nom de vie. Cela peut paraître presque paradoxal : en excluant la mort de sa vie on se prive d’une vie complète, et en l’y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. » (Hillesum, 1914-1943 [2008], p. 646)
Spicher, C., Murray, E., Chapdelaine, S. & de Andrade Melo Knaut, S. (en composition – Janvier 2025). La méthode de rééducation sensitive de la douleur : un nouveau mode de penser la complexité bio-psycho-sociale – Préface : Pierre Sprumont. Montpellier, Paris : Sauramps Médical, 396 pages.
Dit autrement, ce thème concerne déjà le cours avancé des RSD de niveau 2
Calme, à la mesure de nos Forces et Lumière
Claude