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Une patiente (SDRC cheville G) m’écrit la semaine dernière après son rendez-vous chez l’ « expertiseur », soit le médecin orthopédiste engagé par l’employeur de la patiente pour donner son avis d’expert. Elle écrit : « Cela c'est très mal passer, il m’a fait mal, je pleurais dans le bureau à essayer de me faire dépasser ma limite, ce dont je ne suis pas capable de faire ! Quand je suis arrivé à la maison, j'avais le pied tout rouge, gonflé et très en douleur ». Mais il m’a dit que je suis capable de travailler, que la douleur va passer en travaillant. Est-ce que c’est vraiment ça un expert? ».
Divers sentiments se sont fait ressentir à la lecture de ce courriel. J’étais agacé par les commentaires, triste pour la patiente que je suis depuis des quelques semaines. Et en colère qu’elle n’est pas été écouté et que je n’ai pas été écouté. J’avais produit une note d’évolution avec le progrès jusqu’à maintenant et le pronostic, favorable, avec la durée probable pour le rétablissement. Une « belle » lettre, des références, … De beaux progrès, grâce à la rééducation sensitive. Sommes toute, les interventions ne sont pas finies. Oui, elle a progressé et c’est tant mieux. Mais le retour au travail va certainement compromettre son rétablissement complet. Et peut-être même causé un retour en arrière pour elle.
Nous avons beau être formé, avoir de l’expérience, mais le prescripteur du retour au travail, ce n’est pas nous (En tout cas, pas au Québec, dans notre contexte médico-légal!). Beaucoup de travail reste à faire, n’est-ce pas? J’accompagnerai la patiente, bien sûr, mais je suis sceptique sur son potentiel de rétablissement à ce moment-ci.
Réponses
Je pense en effet que l’enseignement auprès de nos « partenaires » est nécessaire!
Dans ma pratique, l’objectif est presque toujours le retour au travail suite à une blessure musculo-squelettique. Ainsi, les diagnostics reconnus par l’agent payeur n’incluent pas une condition somesthésique ou neuropathique. Lorsque l’entorse est « guérie » et qu’il ne reste que de la douleur, j’entends souvent les médecins ou l’agent payeur dire que la douleur n’est pas une contre-indication pour le travail. Ainsi, souvent le retour au travail est prescrit malgré mes lettres expliquant l’évolution avec la méthode et même une fois, malgré une belle discussion avec le plasticien,… Je compte continuer à documenter le plus possible mes lettres au médecin et m’assurer que le client comprend bien les recommandations, mais ces situations me fâchent!
Je te rejoins Marie Elaine dans tes sentiments, notamment celui de colère : tout est dit dans une lettre que nous nous efforçons d'écrire dans les règles de l'art, avec des références, voire même des articles, et les destinataires ne semblent pas respecter ce que nous décrivons... Peut être ne le croient ils pas ? Peut être pensent-ils que cela ne vienne pas influencer les capacités de travail ?
Tant de questions... Et tant d'éducation et d'explications restent à faire dans ces cas là ! Les douleurs neuropathiques me semblent encore, malgré tout le travail qui est fait, si mal connues ou mal comprises...
Beaucoup de labeur nous attend !
Belle soirée
Epilogue
En regardant ce qu'il ne cesse de se passer, il y a d'innombrables signes encourageants; à commencer, ces 36 dernières heures sur ce forum.
Les yeux se désillent, les oreilles s'ouvrent.
Ce qui est au coeur de ces souffrances, de ces injustices est le rapport à l'Autre.
"Les trop-pleins de lois, de certitudes et d’habitudes, les trop-pleins de soi-même procurent à la parole un âpre arrière-goût de suffisance." Marion Muller-Colard (M M-C)
et
"Ce n’est pas qu’ils n’avaient pas compris, c’est qu’ils n’arrivaient pas à croire ce qu’ils comprenaient." M M-C
comme nous le disions au module niveau 4 en février 2020 à Fribourg.
Continuons à accueillir l'Autre avec attention, accordons lui une bonté généreuse sans rien attendre en retour, car chacun·e a la LIBERTE de penser.
Comme nous venons de le publier, ces 18 dernières années, 650 médecins ont référé leurs patients au Centre de Fribourg pour nous demander notre avis.
https://neuropain.ch/sites/default/files/e-news/somatosens_pain_rehab_19_2.pdf#page=5
Paix, Espoir et à la mesure de nos Forces
Claude