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Comment gérer notre séance à la sortie de l'enfermement, l'isolement du virus corona ?
Chères toutes,
Chers tous,
Il y a quelques mois, j'avais tenté un partage à ce sujet.
Je trouve que l'ambiance dans la salle de thérapie est très particulière durant les deux, trois quater séances qui suivent la libération de l'isolement.
Techniquement, j'essaye de lister les symptômes de ce syndrome corona. La dysgueusie, si ce n'est la paragueusie et la dysnosmie - si ce n'est la paranosmie- touchent à la Somatosensy Rehabilitation. L'hypothèse théorique qui commence à prendre le devant est une lésion corticale suite à l'encéphalopathie. Nous sommes donc au coeur de la neuroplasticité adaptative corticale.
Ce qui m'interroge , c'est de nommer ce que diffusent, génèrent ces patients qui parasite ma respiration. J'ai pensé que cela venait entre autres des troubles respiratoires de ces patients. Pour autant qu'ils n'aient pas de troubles respiratoires, cela m'impacte tout autant.
Ce ne sont pas les ambiance d'angoisse -de morcellement, de mort et de séparation- auxquelles nous sommes habitués, ce n'est pas l'angoisse de rien que nous avons toutes et tous avec cette pandémie corona emplie d'incertitudes, les stratégies de faire-face (coping) ne sont pas efficaces, ce n'est donc pas de l'anxiété ... Boris Cyrulnik affirme que ce n'et ni un syndrome de stress post-traumatique (PTSD) et je suis enclin à le croire sur parole.
Est-ce de la peur ?
qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des impressions similaires ou ces séances restent ordinaires ?
Dans l'attente de vos éclaircies
Claude
Réponses
Cher Claude, chères toutes et tous,
Merci beaucoup d’ouvrir une porte, par cette discussion, à ce questionnement fondamental dans notre pratique en ce moment… Malheureusement personne n’avait rebondit sur ce sujet lors de ta question précédente...
Je n’y avais pas répondu parce que j’ai eu peu d’expériences de suivi de patients post-covid et c’est toujours le cas (c’est plus mes collègues qui les reçoivent)… Donc je n’ai guère de choses pertinentes à transmettre pour y répondre…
Hormis mon modeste témoignage du désarroi, voire du désespoir, de nos patients de manière générale… même pour ceux qui ne subissent pas de douleurs neuropathiques…
Le constat qu’ils sont à « fleur de peau » et que les larmes s’invitent beaucoup plus souvent et vite pendant nos séances…
L’observation de ces moments « suspendus dans le temps » dans le cadre de la thérapie où ils s’ouvrent et laissent tomber le masque que leurs fonctions familiales et socio-professionnelles leur obligent de porter du matin au soir…
Cet instant où ils se donnent le droit, face à un(e) thérapeute, une personne neutre, de montrer leur sentiment de vulnérabilité face à la situation actuelle, leur fatigue, leur sensation de perdre le contrôle de tout, leur solitude… et surtout leur peur… peur que cela recommence, peur que cela ne s’arrête jamais….
Et je trouve que cela s’exprime plus par leur posture ou le langage non verbal que par les mots… Un nouveau silence s’invite alors dans nos séances…
Et nous en face… comme tu l’écris si bien : avec la respiration coupée avec la difficulté de les recevoir sereinement en fonction de cette pandémie qui tirent sur les cordes les plus sensibles de nos propres fragilités, doutes et craintes…
Merci de m’avoir lue…. au risque d’être un peu hors sujet… mais ça m’a fait du bien d’échanger sur le thème de la perception de cette ambiance si bizarre en ce moment…
Belle journée…
Géraldine