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SDRC sans zone pour CSVD et physiothérapie

Bonjour,

J’ai déjà parlé de ma patiente de 45 ans avec plusieurs douleurs neuropathiques avec allodynie mécanique et autres conditions. (Voir le sujet « Cas très complexe de SDRC et autres », de juillet 2020).

Aujourd’hui, j’aimerais savoir s’il y a des physiothérapeutes formés comme RSDC qui peuvent m’aider à guider ma collègue physio qui n’est pas formée avec la MRSD. La prise en charge en physio devrait se faire dans les prochaines semaines.

Comme je n’arrive plus à trouver de zone confortable pour la CSVD dans tout le côté gauche du corps, que ma patiente ne peut pas se déplacer en béquilles pour éviter de bouger sa cheville gauche où se situe probablement le siège d’un SDRC (béquilles proscrites à cause de son spina bifida et opération en 2015 au niveau d’un lipome lombaire), qu’elle est incapable de rester assise droite à cause de douleurs au MI G et dans la fesse gauche, qu’elle a un pied tombant à gauche ayant encore perdu de la force en essayant d’éviter les mouvements en lien avec le traitement du SDRC, que d’autres douleurs se développent au muscle trapèze gauche jusqu’à la base du crâne par manque d’activités physiques... qu’est-ce que je dois dire à ma collègue physio quand elle débutera son évaluation?

Il faut renverser le déconditionnement je pense. En ergo, je prévois prioriser les exercices des membres supérieurs où il ne semble pas y avoir de SDRC. (Certaines douleurs au tronc et au cou datent de 2011 alors qu’un véhicule tout-terrain lui était tombé sur le tronc côté gauche... ) Je vais aussi travailler sur les capacités d’attention pour essayer de l’aider à améliorer sa pleine conscience afin qu’elle puisse maintenir sa concentration 5 à 10 minutes sur les images pour faire de la Thérapie par imagerie motrice.

Pour la physio, est-ce que vous recommanderiez de reprendre les exercices de cheville? Selon notre manuel, les TENS ne sont pas indiqués en présence de SDRC. Je ne peux pas trouver de branches sans allodynies mécanique pour faire une esthésiographie, donc j’imagine que le TENS ne peut pas être utilisé ailleurs sur le corps? Avez-vous d’autres approches à proposer qui ont eu du succès dans de telles situations?

Merci à l’avance pour vos commentaires!

Guyane Mireault, erg et RSDC

Réponses

  • Bonjour Guyane,
    La situation est complexe. Si je comprends bien, tu es face à une impossibilité d'appliquer la MRSD.
    Des cas d'allodynie ayant débordé à tout l'hémicorps, j'en vois (malheureusement) trop. Tes pistes thérapeutiques me semblent réfléchies, pertinentes et justifiées.
    Je me permets d'ajouter mot grain de sel en tant que physio.

    À mon humble avis, l'objectif chez cette dame doit être revu. Puisqu'il ne semble pas possible "d'éliminer" ses douleurs neuropathiques, il est tout de même plausible qu'elle cesse certains comportements nuisibles et qu'elle en intègre d'autres aidants, afin de mieux gérer ses douleurs. C.à.d. :
    1-Les principes liés à l'impact de la stimulation cutanée restent valides et applicables (il ne s'agit pas de proscrire à tout l'hémicorps, mais peut-être l'inciter à éviter de stimuler autant que possible a/n de l'arc-en-ciel au pied, cheville, voir la jambe G).
    2-Je propose que ta collègue physio valide l'effet antalgique d'une diminution de la mise en tension neurodynamique à son hémicorps G. P.ex., position de repos à explorer : en déc lat D, tronc et tête surélevés (donc toute la colonne vertébrale étant positionnée passivement en flex lat G), hanche, genou et cheville G en position de repos. L'effet est généralement assez rapide et important : diminution significative des Sy neuropathiques douloureux. Évidemment, l'effet est éphémère et ça ne règle rien, mais ça permet d'avoir un "refuge temporaire". Surtout, elle ne devrait pas chercher à mobiliser le système nerveux, comme on nous apprend à le faire lorsque celui-ci est hypomobile et symptomatique (en fait, c'est tout le contraire qu'elle devrait chercher à faire).
    En ce qui concerne le juste équilibre entre l'amélioration des paramètres biomécaniques Vs la détérioration parallèle des douleurs neuropathiques, c'est un acte de jonglerie excessivement difficile à maîtriser. Ex's actifs visant le global et le fonctionnel, l'équilibre, de courte durée, peu de répétitions, faible amplitudes, infra-seuil de provocation (!?!), avec pauses fréquentes, etc.
    Je n'en dirai pas davantage, puisque chaque situation est spécifique.

    J'espère que ça répond un peu à ton interrogation, ou encore mieux, que ça oriente quelque peu l'intervention de ta collègue.

    Orlando

  • Merci Orlando!

    Je veillerai à lui transmettre ces orientations.

    S’il vous venait d’autres histoires à succès en physio avec ces cas complexes, j’aimerais bien vous lire!

    Merci et très belle journée!

    Guyane
  • Bonjour Guyane,

    Effectivement ton cas est assez complexe. Tout comme le mentionne Orlando, de plus en plus en tant que physiothérapeute, je suis au prise avec des cas d'allodynie de l'hémicorps et de CRPS récalcitrant aux traitements pharmacologiques. A dire bien franchement, la pandémie n'arrange en rien les suivis de la clinique de la douleur et j'ai très peu d'histoire de succès à te donner présentement.
    J'en suis encore à "jongler" comme le dis si bien Orlando, entre traiter des déconditionnements qui n'arrangent en rien le portrait fonctionnel, et les traitements et recommandations pour tenter de diminuer l'allodynie. La détresse psychologique que vive plusieurs patients présentement limite aussi grandement plusieurs de nos interventions à distance et en présentiel.
    Sérieusement, je n'ai pas d'autre suggestions a te donner sauf celui de travailler étroitement en équipe avec la physiothérapeute. Ce sont des essais erreurs et chaque cas est bien particulier.
    Je suis aussi assez d'accord avec Orlando sur le fait que mobiliser le système nerveux avec de la mobilité neurale ne m'a pas apporté beaucoup de succès jusqu'à maintenant. En effet, j'ai commencé plutôt avec un orthésiste à tenter certaines orthèses de repos pour la nuit, dégageant les zones douloureuses et limitant la mise en tension d'une cheville par exemple, pour favoriser le sommeil et diminuer les effets de la dystonie. Nous tentons vraiment pour le moment, à offrir de meilleures nuits, des temps de repos ou de répits pour certains...
    Je n'ai pas non plus d'histoire de succès de TENS ou d'autres modalités électriques chez ces cas plus sévère pour pouvoir te guider.

    J'ai bien hâte de voir si d'autres RSDC ont plus de suggestions.
    Donne nous des nouvelles de tes succès ou tes tentatives!
    Désolé encore de ne pas pouvoir être plus utile.

    Mélanie

  • Bonsoir Guyane, Orlando, Mélanie et toutes et tous,

    LE coeur de ce traitement est le discernement: la capacité de distinguer et séparer - sans diviser comme le dit si bien Marion Muller-Colard:

    L'articultation qui est le siège du SDRC de Budapest, l'allodynie débordante et les douleurs neuropathiques spontanées - névralgie - qui courent le long d'une branche cutanée.

    La question est toujours de savoir ce qui est prioritaire pour la patiente et - ou pour vous.

    La mobilisation neurodynamique est très intéressante pour diminuer les symptômes névralgiques. Je le mets en place après que les prescriptions pour l'allodynie et - ou pour le SDRC sont en place et bien comprise.

    La question est aussi de savoir si on ajoute une technique ou si au contraire on élague +++, car trop de stimulations, c'est trop.

    La pluspart du temps ce qui pousse le patientt - et le médecin en consultion face au patient - c'est l'angoisse; l'angoisse de mort et présentement l'angoisse du rien qui nous anéantit toutes et tous. C'est là, qu'il faut maîtriser notre interventionisme qui ressemble plus à de la pitié dangereuse comme disait Stephan Zweig:

    „Il y a deux sortes de pitié. L’une molle et sentimentale, qui n’est en réalité que l’impatience du cœur de se débarrasser le plus vite de la pénible émotion qui vous étreint devant la souffrance d’autrui, qui n’est pas du tout la compassion, mais un mouvement instinctif de défense de l’âme contre la souffrance étrangère. Et l’autre, la seule qui compte, la pitié non sentimentale mas créatrice qui sait ce qu’elle veut et est décidée à persévérer jusqu’à l’extrême limite des forces humaines.“

    Stefan Zweig,
    La pitié dangereuse
    

    Somatosens Pain Rehab _2006 _3(4) page 153

  • Merci pour vos commentaires!
    Bien que j’aie dû arrêter la CSVD par absence de zone confortable du côté gauche, je tente la thérapie par imagerie motrice pour essayer d’améliorer un peu la condition de ma patiente en attendant la prise en charge de la physiothérapeute.
    Donc je continue de persévérer avec ma patiente! Merci pour cet article, Claude!
    À suivre!
    Guyane
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