Bonjour,
Y'a t'il un bénéfice à réviser progressivement la zone de CSVD si l'on observe une diminution de la sévérité (soit un changement de l'arc en ciel des douleurs) du territoire allodynique ?
Soit, l'arc en ciel régresse t'il plus vite si la zone de CSVD peut évoluer vers le distal (tout en restant confortable) en comparaison à une zone de CSVD qui reste confortable en proximal ?
Merci d'avance pour vos réponses
Alice, Emmanuel et Alex
Cours avancé de rééducation sensitive de la douleur 2023
Réponses
Bonjour à tous,
je vais répondre à votre questionnement en inversant le raisonnement :
à la question : ya-t-il un bénéfice à réviser progressivement la zone de CSVD si l'on observe une amélioration significative de la sévérité de l'allodynie ?
Je poserai la question suivante : ya-t-il un risque à réviser progressivement la zone de CSVD si l'on oberve une amélioration significative de la sévérité de l'allodynie ?
Et là, d'après une expérience vécue récemment avec un jeune patient, je peux répondre qui OUI. Il a pris, seul, le pari de se rapprocher d'une branche cousine du territoire allodynique, il a alors "réveillé" des douleurs qui avaient jusque là disparues. Il a donc perdu du temps sur le traitement de son allodynie...
Il y a donc pour moi clairement un risque à réviser cette zone de CSVD en se rapprochant dangereusement du territoire allodynique.
De plus, si la progression est déjà "rapide" et suffisante pour objectiver une amélioration des douleurs liée à son allodynie à quoi bon se rapprocher d'une zone à risque ?
La balance des bénéfices/risques est plutôt à la faveur d'une poursuite du traitement initial. En gros, comme au rugby, il faut souvent mieux prendre les 3 points de la pénalité que chercher l'essai à 5 (ou 7) points !!
Amicalement
Franck.
Je saisis bien la notion bénéfice/risque mais j'avais le questionnement d'un traitement devenant un traitement à rallonge (lentement mais sûrement certes !) pour plusieurs raisons certes mais qui pouvait peut-être amener une perte de motivation chez le patient...
En fait, je souhaitais même avoir un retour d'expérience sur la rapidité des progrès et le rapprochement de la zone de CSVD vers le territoire allodynique PAR le rééducateur et le confort trouvé par le patient.
Je ne sais pas si je suis clair mais dans le doute, je prendrai les 3 pts !
Alex
Même si le traitement paraît long, l'intensité diminuant les patients se rendent vite compte de l efficacité de la Methode ce qui aide grandement a l adhésion.
Concernant les délais je ne sais pas si c'est bien ça que tu demande mais dans le manuel tu as le temps relatif aux différentes couleurs de l'arc en ciel permettant d'avoir une idée du temps de rééducation.
En espérant avoir pu aider
Comme vous l'avez toutes et tous vécu, sur les diapositives de mes cours il y a très très (trop?) souvent une référence.
Lorsque c'est l'e-News (devenu, ensuite, Somatosens Pain Rehab), il y a un tome et un volume
Exemple: 7(1)
Il s'agit simplement d'aller sur:
https://www.neuropain.ch
en FR (français):
https://neuropain.ch/fr
Tome 7:
Volume 1:
https://neuropain.ch/sites/default/files/e-news/e-news_71_1.pdf
et cliquer sur l'article, ou simplement LA page:
https://neuropain.ch/sites/default/files/e-news/e-news_71_1.pdf#page=19
Si j’ai bien compris les leçons de Claude, il n’est pas démontré qu’il soit plus efficace de faire la CSVD sur une zone «proximale » par rapport à une zone « cousine», ou une zone «inférieure/supérieure » (niveau segmentaire). (zones de travail: p. 216-217 du manuel 4e édition). Ces 3 zones sont proximales au territoire allodynique et dans le trajet afférent de la branche nerveuse somatosensible. L’important, c’est qu’elle soit confortable.
Il m’est arrivé de proposer de passer d’un niveau segmentaire à une zone cousine parce que cette nouvelle zone était plus facile d’accès pour faire la CSVD. Mais j’informe quand même ma patiente que l’effet sera le même, qu’on devrait voir une progression qui respecte le même délai attendu.
Parfois, effectivement, ça peut aider à la motivation d’un patient qui voit un changement de zone, durant un traitement qui dure depuis plusieurs mois, voire plus d’un an au même endroit.
En espérant avoir aidé à éclaircir tes questionnements!
Guyane Mireault, RSDC
Réponse de niveau 4 * pour les re-certifié·es
Lecture contre-indiquée pour les RSDs
Chères Guyane, cher·es RSDC re-certifiée,
En remerciant pour ton immense travaille de gestion et d'animation de ce forum, je vais lever le coin du voile pour toi Guyane.
Il y a quelque saisons, j'insistais sur le fait de tenter, dès que possible, d'ajouter une 2e zone de contre-stimulation supérieure (en plus de l'inférieure pour un membre supérieur - et inversément), sans toucher la racine de la branche nerveuse qui est le siège de la neuromodulation spinale.
Exemple: névralgie brachiale incessante de la branche antérieure du nerf cutané médial de l'avant-bras gauche (stade IV de lésions axonales Aβ) avec allodynie mécanique.
Lorsque nous arrivons à placer deux emplâtres/patch/Pflaster de lidocaïne (Neurodol®, Versatis®), en Th2 ET C8, car Th1 est en rouge, je commence la contre-stimulation "cousine" CONFORTABLE, en m'approchant du coude avec un 3e emplâtre/patch/Pflaster de lidocaïne. Au niveau pratico-pratique, je continue à placer les deux autres. S'approcher du coude est en effet motivant pour le/la patient·e.
ATTENTION, le 90% des échecs de la régresson d'une allodynie, provient du choix, en effet, trop proche de l'allodynie sasn être franchement CONFORTABLE. Pendant 30 secondes la contre-stimulation restaure l'inhibition tact -douleur, mais ensuite recommence à stimuler l'aiguillage stimulus tactile perçu par le système nociceptif.
Si j'ose la métaphore, comme le coldpack, au début froid qui lutte contre l'inflammation, puis devenu tiède fait effet contraire (raison pour laquelle nous ne préconisons plus que des apllications de cube de frais glace, de glaçons).
en espératn ne pas vous avoir trop mêlé
Claude de retour de Montréal et de Montpellier
J’utilise aussi cette forme de CSVD en «sandwich » pour mes cas les plus complexes.
Retenons « Éviter de s’approcher trop près d’un territoire allodynique »…
Ceci me conduit à une autre question pour toutes/tous, pour réviser la méthode et nous aider à ne pas s’approcher trop près du territoire allodynique : Si la patiente sent, lors de notre allodynographie, que le toucher du monofilament est « OK », mais qu’après environ 5-6 secondes, la sensation devient inconfortable, peut-elle changer d’avis et dire «STOP »?
Considérez-vous que ceci est une réaction différée dont on ne doit pas tenir compte?
Sinon, dans quel autre test il ne doit pas être considéré comme toucher valide?
Bonne réflexion!
Guyane
Merci pour cette question Guyane, ça m'a fait réfléchir puisque j'ai eu une patiente pour laquelle je me posait le même question ( ça commence versus stop). Voici ce que je me suis dit à ce moment:
Comme nous attendons 10 secondes entre les applications, j'aurais tendance à prendre son "stop" comme une réponse valide puisque cela est dit avant la prochaine application. Bref, j'aurais tendance à la tenir pour compte... mais je peux être dans l'erreur...
Merci pour vos réflexions!
Marie-Elaine
J'en tiendrai compte également, ne pas en tenir compte pourrais engendré une cartographie avec des zones de CSVD limite confortable non ?
Pour continuer à réfléchir à cette question, j’ai trouvé, à la page 194 de notre manuel de 4e version, des explications concernant le tableau 9.2:
« … lorsque le patient présente une allodynographie positive… Il est aussi possible qu’il ne perçoive pas l’hypersensibilité au toucher en raison d’une faible sévérité d’allodynie mécanique ou d’une forte hypoesthésie sous-jacente brouillant l’analyse du toucher. » Très intéressant!!
Raison de plus d’être prudent.e lorsque nous faisons nos allodynographies et lorsque nous identifions notre zone de CSVD.
En tenant compte de cet aspect, je crois important de considérer le changement d’avis de notre patient.e et de retenir le « Stop » qui serait finalement ressenti dans les 10 secondes.
Guyane
Bonjour à tous,
La question de Guyane me fait penser au fait que certains patients ont l'impression que le filament reste appliqué lors du test. Ils ressentent le toucher et ont du mal à ressentir que le stimulus s'arrête, ne dure qu'un instant.
La réponse décalée du STOP me semble à prendre en compte avec cette notion de "hypoesthésie brouillant l'analyse du toucher".
Merci pour vos réflexions toujours intéressantes et permettant d'avancer dans la méthode
bonne journée
Sarah
Réponse pour les RSDC niveau 3 - 3e technique de la méthode
Dans notre jargon, nous qualifions ces champs récepteurs d' "allodynoïdes".
Réponse pour les RSDC niveau 2 - N'oubliez pas d'envoyer votre Fait clinique à:
info@neuropain.ch
Bonjour à toutes et tous,
Grand merci pour vos commentaires et votre aide qui permettent de pousser la réflexion et d'adapter au plus juste notre thérapie. J'ai effectivement la réponse à ma question et davantage avec ces sur-réflexions concernant la zone de CSVD. Confortable est et doit rester le maître mot.
D'autre part, c'est très intéressant ce STOP "décalé". J'en tiendrai compte avec plus de vigilance moi aussi.
Je vous souhaite une belle journée, matinée ou soirée où que vous soyez et vous remercie encore toutes et tous !
Alex
Chère Guyane, cher Alexandre,
chères toutes et tous,
Je salue aussi ton beau travail de recherche, Guyane, de partage et d'attention aux problématiques d'autres collègues. Fantastique!
Alexandre, ravie que les interventions t'aient aidé.
Je dois dire que ce mot "confortable" m'énervait au début, car il ne correspondait pas à mon état global. Comment peut-on être confortable, alors qu'une partie du corps est cuisante, cartonnée, rigide, etc. C'est là qu'il faut tenter de distinguer, séparer les douleurs spontanées des douleurs provoquées au toucher. Les thérapeutes doivent expliquer et ré-expliquer quelles douleurs correspondent à de l'allodynie et quelles autres à l'hypoesthésie sous-jacente que l'allodynie masque. Vous êtes très patient.es et compréhensif.ves, heureusement... et j'ai réappris ce que "confortable" voulait dire, associé à la zone de CSVD...
Quant au sujet du danger de se rapprocher dangereusement de la zone allodynique ou allodynoïde, ta métaphore du rugby, Frank parle sans doute à certain.es, même si la coupe du monde vient de se terminer. Ma thérapeute me parlait, elle (je la salue d'ailleurs au passage), de débroussaillage d'une forêt et de certaines orties qui pouvaient encore rester. Or, il ne doit rien rester pour pouvoir avancer, afin de voir, en se retournant, un bout de forêt ou de prairie nette, belle. En avançant trop vite, dans des zones inconfortables, voire douloureuses, pour avoir l'impression (illusoire) d'avancer, on risque de mettre le feu à cette forêt...
Meilleurs messages.
Estelle