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Bonsoir à toutes et tous,
Je viens de commencer des consultations de rééducation sensitive au sein du centre de la douleur de mon hôpital dans le sud ouest de la France.
Je me retrouve sur un poste un peu particulier où le médecin de la douleur à qui j' ai présenté la méthode se réjouit d'avoir un rééducateur sensitif dans son équipe et m'oriente bon nombre de patients.
Sauf que...
Voilà, je reçois beaucoup de patients douloureux chroniques (pas spécialement "choisis" en amont par le médecin) pour lesquels je dois proposer ou non une prise en charge en rééducation sensitive. Je dispose d'une heure pour faire "émerger les symptômes neuropathiques" au travers d'histoires de vie aussi complexes les unes que les autres.
Au delà du fait que la névralgie est caractérisée par des douleurs permanentes (fond douloureux incessant, même au repos…) elle est aussi spontanée et donc indépendante du stimulus et/ou de l’activité mais aussi indépendante du repos et/ou de l’activité, j'aimerais aborder 2 choses :
1) Est ce que certain(e)s RSD(C) exercent dans ce type de structures ? Avez vous des méthodes de pratique spécifiques ? J utilise le DN4 initialement pour "dégrossir" les choses avant le QDSA.
2) Comment être sûr de ne pas passer à côté de douleurs neuropathiques ? Mon raisonnement clinique me renvoie (forcément) au test des qualificatifs du mc Gill pain questionnary qui est positif si 3 qualificatifs somesthésiques sur 5 sont présents (picotements, fourmillements, irradiations, décharges électriques et engourdissements) et auxquels nous pouvons rajouter les qualificatifs/symptômes de la page 249 du manuel de la 4ième édition.
Or, les patients ont parfois des symptômes qui apparaissent et disparaissent donnant une inconstance dans l'intensité douloureuse. Certains remontent parfois au-delà des 24h (cf passation du QDSA) ne "remplissant" plus les critères de validité du test.
Ma question est donc la suivante : Ya t il une composante "temps" à considérer pour valider/invalider les symptômes neuropathiques ?
J'espère avoir été suffisamment clair dans mes explications, dans l'attente de vos retours,
belle soirée à toutes et tous.
Réponses
Tout d'abord merci de partager ton expérience et tes interrogations avec nous. Il y a beaucoup de sujets dans ton sujet.
J'aurai d'abord une question. Si tes patients ne te sont pas envoyés par ton médecin d'unité de la douleur par qui te sont-ils envoyés ? Si C sont des médecins interne a-t-on institution, peut-être pourrais-tu proposer de présenter la méthode au sein du CLUD ou à tes prescripteurs afin d'avoir une meilleure orientation de tes patients.
As-tu pu étudier les présentations de la méthode qui sont proposés sur notre site ?
Dans la structure où je travaillais, cela avait permis de tenter de systématiser la passation du DN4 par les prescripteurs et d'en faire un critère d'indication à une orientation vers la RSDN.
En ce qui concerne la labilité de l'intensité de la douleur, elle fait partie du vécu de la douleur et est en lien avec l'état physique et émotionnel de nos patients et donc pars rare.
C'est ce qui fait également la difficulté de recentrer le patient tout en le laissant exprimer son fardeau qu'il porte souvent depuis longtemps sans solution. L'éducation thérapeutique est alors un atout dans l'approche entre autre chose.
Je m'arrête là, d'autres ont certainement des éléments à partager.
J'espère t'avoir donné quelques pistes.
Belle soirée.
Maéva
Bonsoir Maeva,
merci pour ta réponse,
juste pour éclaircir un peu les choses, je précise que c'est en effet seul le médecin de la douleur qui m'oriente les patients uniquement. Seulement, le profil de ces patients polyalgiques ne suit pas toujours une symptomatologie concrète. Et ma problématique réside à décortiquer les symptômes neuropathiques pour proposer à ceux qui le nécessitent une prise en soins en rééducation sensitive.
J'ai eu l'occasion de présenter la méthode aux médecins rattachés à cette unité de douleur chronique. Ils ont été enthousiastes à l'idée d'instaurer cette méthode dans le service mais il me manque pour le moment cette pertinence dans l'orientation du patient. Le DN4 est je pense aussi un bon "dégrossisseur". Peut être le suggérer au médecin pour me faire gagner du temps ?
Merci Maeva pour ton intervention
Une bonne soirée à toutes et tous
Franck
Bonjour Franck,
C’est bien le défi de tout rééducateur sensitif de déterminer, en premier lieu, si il y a une indication thérapeutique ou non avant d’entamer un traitement par méthode de rééducation sensitive. Tu es là, aux premières loges, ce qui est une très grande responsabilité.
Pour rappel, l’indication d’un traitement de rééducation sensitive dépend certes, de la présence de symptômes neuropathiques que nous pouvons dégager à l’aide du DN4, du QDSA ou à l’interrogation, sur la base des qualificatifs somesthésiques mais surtout de la présence d’une altération de la sensibilité d’une portion de peau.
Ce que tu cherches réellement, c’est la/les branches nerveuses lésées de manière à pouvoir, au plus vite, dégager le signe d’examen clinique, allodynographie ou esthésiographie qui sera ta porte d’entrée sur les symptômes. En moins de mots: bilan diagnostic de lésions axonales Aβ négatif = pas d’indication.
J’aimerais revenir sur la notion de névralgie. En effet, certains patients ont des symptômes qui apparaissent et disparaissent. Est-ce pour autant qu’il ne souffriraient pas de névralgie ? Je t’invite à te référer à la page 248 du livre « douleurs neuropathiques » 4e édition, pour y répondre.
Je te souhaite du courage et de la rigueur dans cette collaboration avec les médecins. Que vous puissiez, ensemble, faire preuve de créativité intelligente pour répondre, au mieux, aux besoins des patients.
Bonne journée à tou.te.s
Rebekah