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SDRC éteint ou non?

Bonjour,

Durant le module 4, j’ai pu observer le traitement d’un SDRC qui était maintenant éteint puisque la patiente ne souffrait plus de douleurs CONTINUES. Elle en était au traitement de l’hypoesthésie sous-jacente.

D’autres symptômes et signes demeuraient présents et suffisamment nombreux pour répondre à la procédure diagnostique du SDRC de Budapest qu’on retrouve à l’annexe XIV, page 373 du manuel 4e édition.

Si j’avais soigné cette patiente du Centre, je me serais faite prendre au piège en croyant que le SDRC est encore actif en écoutant toutes ses plaintes.

En lisant la page 287, je vois bien que la douleur doit être CONTINUE. Est-ce que je dois comprendre que dès qu’elle devient intermittente, le SDRC est éteint?

Je suis confuse, puisqu’en page 296, on dit que la physiothérapie peut débuter quand le SDRC est éteint, soit lorsqu’il n’y a plus de douleur ni au repos, ni durant la mobilisation, ce qui n’était pas le cas pour la patiente. Et en page 294, on y écrit que la méthode fait DIMINUER les troubles vasomoteurs, sudomoteurs et moteurs au point que le patient ne présente plus de SDRC, mais présente alors une névralgie incessante (stade IV de lésions axonales Abêta)…

Qu’entendons-nous réellement par SDRC éteint?

J’ai une patiente qui n’a plus de douleurs continues, mais qui a encore de l’allodynie, des raideurs, une sensation de main gonflée, et qui démontre des suintements au bout des doigts simplement en parlant des qualificatifs au QDSA. Puis-je considérer que le SDRC est éteint et qu’elle est rendue à un stade III malgré la quantité des symptômes et signes qui sont encore présents, bien que DIMINUÉS?

Merci à l’avance pour vos commentaires!

Guyane

Réponses

  • Chère Guyane,
    Chères Toutes et Tous,

    Je comprends ton trouble et je t'avoue partager ton questionnement face à la situation que tu présentes pour ta patiente...

    Est-ce que cette dame ressent encore une sensation de cuisson dans l'articulation concernée?

    Help please ! :'( Est-ce que quelqu'un.e parmi nous pourrait nous aider à démêler le fil de notre raisonnement s'il-vous-plaît o:) ...

    Un grand merci...

    Belle soirée...

    Géraldine

  • Chère Géraldine,

    Merci de m’aider à me requestionner. Non, il n’y a plus de sensation de cuisson dans l’articulation siège du SDRC, mais plutôt un froid douloureux qui passe de 0-4 en 24 heures au QDSA du 13 janvier. Les autres qualificatifs étaient élancements (0-3 points), piqûre (0-2 points), serrement (0-3 points), étirement (0-4 points), démangeaisons (0-3 points) et engourdissements (0-3 points). Dlrs affectives-émotionnelles fatiguantes, désagréables et énervantes de 0-3 points chacune. Le total des douleurs sensorielles de ce QDSA était de 0-61 points, celui des douleurs affectives-émotionnelles de 0-32 points et le total des douleurs de 0-48 points.
    EVA = 3/10 cm.
    Si le SDRC est éteint, peut-elle recommencer à bouger l’articulation même si l’allodynie est encore présente? AEC des douleurs bleu.

    Merci de vos réflexions!

    Guyane
  • février 2023 modifié
    Bonjour à toutes et tous,

    J’essaie toujours de bien comprendre les recommandations que nous pouvons donner à nos patientes à partir du moment qu’un SDRC ne répond plus à tous les critères de la procédure diagnostique du CRPS de Budapest. Si je comprends bien, c’est à ce moment qu’on considère qu’il est éteint et qu’on passe, selon la permanence ou non des douleurs, à un stade de névralgie permanente (stade IV de lésions axonales Abêta) ou de névralgie intermittente (stade III de lésions axonales Abêta), avec ou sans allodynie.
    Je viens de lire cet article de Claude, sorti dans le e-news de 2011, tome 8 (volume 1): L’hypo-esthésie paradoxalement douloureuse au toucher: la face nord des douleurs neuropathiques. Deux liens possibles:
    https://academia.edu/resource/work/10433147
    https://www.neuropain.ch/sites/default/files/e-news/e-news_81_1.pdf
    Un passage m’a frappée: « Cette latence anormale incite François Delaquaize, physiothérapeute, à qualifier l’allodynie mécanique de perverse (Spicher et al., 2010) : « Contrairement à une douleur mécanique présente lors d’une mobilisation et qui cesse progressivement à l’arrêt de la mobilisation, l’allodynie peut flamber suite à nos mobilisations que nous pensions anodines ». Ronald Melzack décrit cela d’une manière magistrale : une augmentation de la durée de la réponse à une brève stimulation (Coderre et al., 1993). »

    Je me demande si c’est le toucher lors de la mobilisation passive qui fait flamber l’allodynie, ou si l’on voit ce phénomène aussi avec la mobilisation active sans toucher… Si je comprends bien, nous serions alors en mode allodynie mécanique dynamique, en train d’activer les fibres C…

    Ceci m’expliquerait pourquoi ma patiente, qui serait rendue à un stade III, dont le SDRC serait éteint mais qui présente encore de l’allodynie, n’arrive pas encore à bouger l’articulation comprise dans le territoire allodynique sans provoquer de douleurs. Donc, même si le SDRC est éteint, il faudrait recommander de ne pas encore bouger les articulations se situant dans le territoire allodynique.

    Est-ce que mon raisonnement fait du sens? Y a-t-il quelque chose d’autre que vous comprenez ou connaissez qui pourrait me rassurer?

    Merci infiniment de réfléchir avec moi!

    Guyane
  • Bonjour Guyane,
    Je lis le fil de ta discussion et partage ton questionnement.
    Si l’on suit le raisonnement que le SDRC est éteint, puisqu’il n’y a plus de sensation de cuisson et que les signes et symptômes critères diagnostic ne sont plus présent, ou ne sont plus tous présent, je serais porté à croire que la recommandation de ne pas bouger l’articulation n’est plus valide. Et ce même si l’allodynie est encore présente puisque dans les stades 2,3 et 4 avec allodynie il n’y a pas de restriction de mouvement.
    Par contre, je me dis qu’il est tout de même possible qu’il y ait augmentation de douleur lors de la mobilisation puisqu’elle n’a pas bouger cette articulation depuis combien de temps? Il doit y avoir quelques adhérences dans cette articulation, non? Est-ce que ce ne serait pas des douleurs mécaniques? Est-ce que l’inconfort de bouger une articulation raide, qui serait normal, est perçue comme douloureuse par cette patiente considérant son expérience avec le SDRC? Aussi, je me dis que le mouvement de la peau sur les structures sous-jacentes lors du mouvement articulaire pourrait peut-être engendrer une stimulation équivalente au toucher de la zone allodynique, comme tu le précise avec les mobilisations passives. Mais considérant que la marge inférieure de tes résultats au QDSA est de 0 pour tous est de bonne augure.
    Bref, je pose plus de questions que je n’offre de réponses, mais je poursuis la réflexion!
    Bonne journée
    Marie-Élaine

  • février 2023 modifié

    Bonsoir,

    Je reprendrais l'expression de Mylène:
    Pour pratiquer la méthode de RSD, il faut parfois "être carré".

    Si cliniquement une patiente ne présente plus de SDRC de Budapest positif,
    il est nécessaire de lever la prescription de bouger le moins possible l'articulation du syndrome.

    Cependant, si l'allodynographie est encore positive, il y a lieu de maintenir la prescription de toucher le moins possible une zone à définir.

    Toute belle fin de semaine

    Claude

  • Chère Géraldine, chère Marie-Elaine, cher Claude,

    Merci pour vos réponses. J’étais aveuglée par le débordement du territoire allodynique et plusieurs symptômes du SDRC qui demeuraient présents. Je devenais peut-être ainsi sur-protectrice en continuant de recommander de ne pas bouger les articulations contenues dans les territoires allodyniques.

    En recevant vos commentaires, ceci me rassure et mon effet est placebo sera maintenant plus efficace, étant davantage en confiance avec mes recommandations! ;-)

    Toute belle fin de semaine!

    Guyane
  • Merci Guyane pour ce questionnement très pertinent et qui nous aura permis à tous d’être plus au clair avec nos prescriptions de « bouger le moins possible ».
    Mais pour rappel, cette consigne est valable uniquement pour l’articulation siège du SDRC (et non pas toutes les articulations contenues dans les territoires allodyniques )…
    Là encore, il ne faut pas que nous soyons « sûr-protecteurs »!
    Très bonne soirée !
  • Chère Élise, cher Claude, chère Marie-Élaine, chère Géraldine, chères toutes et tous!

    Merci pour ce rappel.

    J’appliquais aussi cette consigne, mais j’étais en même temps confrontée à l’information d’éviter toute douleur durant un SDRC, puisque la douleur est une étiologie du SDRC.

    En discutant avec ma binôme après la formation, j’ai pensé à une stratégie qui concilie bien ces deux informations un peu contradictoires, suite à sa référence au point d'inflexion de la douleur, décrit par Yvan Campbell:
    https://www.yvanc.com/Download/TEMPORAIRES/020 outil ikq Point inflexion.pdf.

    J'aimerais dire maintenant à mes patientes que les articulations en-dehors du siège du SDRC, même si elles se trouvent dans le territoire allodynique, peuvent être mobilisées activement (sans toucher), mais en cessant le mouvement quand l’inconfort monte jusqu'à la ligne rouge à l’EVA (+ 1 cm). Au même titre qu’on cesse les touchés du monofilament lors de l’arc-en-ciel des douleurs ou de l’allodynographie.

    Autre problème que je rencontre, c'est que les médecins se fient sur des symptômes dans 3 catégories sur 4 pour le diagnostic de SDRC. Et nous, c'est dans 4 catégories sur 4. Dès qu'une catégorie n'a plus de symptômes, nous devrions alors parler de stade IV...
    J'ai bien trouvé l'article de Harden & al. (2010) Validation of proposed diagnostic criteria (the "Budapest Criteria") for Complex Regional Pain Syndrome. Pain 150(2), 268-274. Harden semble clair que la spécificité est meilleure en considérant 4 symptômes de 4 catégories différentes...

    Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les articles ultérieurs ne se sont pas ajustés en augmentant le nombre de catégories de symptômes à 4 alors qu'ils utilisent bien cet article en référence. Je viens de trouver un autre article de 2019 qui parle des critères de Budapest et qui utilise aussi cette référence: *article_Acapo.pdf (medhyg.ch)
    Mais ils parlent encore de 3 symptômes dans 3 catégories.

    C'est vraiment important pour moi aujourd'hui-même, puisque j'ai une nouvelle patiente pour qui je dois faire mon rapport d'ici la prochaine semaine et je dois lui dire aujourd'hui si elle a un SDRC éteint et qu'elle se trouve en névralgie incessante (stade IV de lésions axonales Aβ). Ceci a un effet direct sur mes recommandations. Je lui dirais alors qu'elle peut commencer à bouger ses deux poignets. (SDRC aux deux poignets suite à une collision avec fractures bilatérales des radius en octobre 2022 alors qu'elle conduisait une moto). Si je me fie à notre manuel, c'est ce que je lui dirai. Elle a encore des douleurs continues de fourmillements et d'engourdissement, mais n'a plus les brûlures continues. Son total au QDSA est de 0 - 35 points. Elle a des symptômes dans 3 des 4 catégories, sauf la catégorie sudomoteur/oedème.

    Est-ce qu'on a maintenu les critères d'Harden & al. (2010) pour nous permettre d'avancer plus rapidement en thérapie? En agissant ainsi, avez-vous observé qu'il n'y avait pas vraiment de risque de régression de la condition quand on leur fait bouger l'articulation si une catégorie de symptômes sur 4 n'avait plus de symptômes mais que tous les autres critères étaient encore présents? Je ne veux pas "surprotéger" ma patiente...

    Merci de vos partages de conseils, d'opinions, d'observations et de lectures!

    Guyane
  • Guyane,
    Tout simplement, car à Budapest, après 28 heures de débat, les personnes dasn la salle ont couper la poire en deux:

    • pour la clinique seulement 3
    • pour la recherche les 4 obligatoires.

    Ce 2e sous-groupe est plus exigeant, pas seulement 3, mais 4 !

    C'est Stephen Bruehl qui nous l'a expliqué de vive voix à Tara Packham et moi, lors d'un erepas dînatoire.

    Dans la méthode de RSD, nous sommes plus exigeants pour ne pas être accusé de considérer un·e patient·e de SDRC, alors que les assurances ne le souhaite surtout pas !

    L'article de Packham et al. J Hand Ther 2018
    https://www.researchgate.net/publication/315630391_Somatosensory_rehabilitation_for_allodynia_in_complex_regional_pain_syndrome_of_the_upper_limb_A_retrospective_cohort_study
    et
    nos livres et articles sont avec les 4 catégories - dont la somatosensible qu'ils ont bine de la difficulté à remplire; on se demande pourquoi.

    En espérant avoir répondu à ta question

    Claude

  • mars 2023 modifié

    Lorsqu'un·e médecin me présente un·e patient·e avec un SDRC de Budapest, mais avec seulement 3 catégories: je ne la·le contre-dit pas.

    Lorsque j'écris à une assurance ou à un·e médecin pour argumenter la suite de notre travail, j'utilise toujours les 4 catégories.
    C'est de la dialogique.

    Au même titre que lorsqu'un ancien SDRC avec 4 catégories dont la condition a été nommée comme telle, et qu'il devient un stade IV de lésions axonales Aβ, nous continuons à le nommer par écrit SDRC de Budapest
    MAIS
    nous le traitons comme un stade IV
    C'est aussi de la dialogique.

    Au sujet de la dialogique d'Edgar Morin:
    Murray, E., Branchet, M.Ch. & Spicher, C. (2022). ÉBAUCHE de SYNTHÈSE OUVERTE : Méthode de Rééducation Sensitive de la Douleur : oser les nuances, vers une complexité incorporée. Somatosens Pain Rehab, 19(3), 71-81.
    Téléchargeable (14/03/2023) :
    https://neuropain.ch/sites/default/files/e-news/somatosens_pain_rehab_2022_19_3.pdf#page=12

    plus spécifiquement, dès la page 76:
    https://neuropain.ch/sites/default/files/e-news/somatosens_pain_rehab_2022_19_3.pdf#page=17

  • mars 2023 modifié
    Merci, MERCI Claude!

    Tout devient plus clair! J’avais déjà lu tes références, maintenant je les relie avec un regard mieux développé. La dialogique… je commence à comprendre!

    Tes explications m’aident aussi à comprendre ce qui est écrit à la page 302 de notre manuel, 4e édition à propos des 3 vs 4 catégories.

    Que ça fait du bien d’élucider des questionnements et de se sentir rassurée pour intervenir en interdisciplinarité avec les médecins et autres cliniciens. Je pense aussi que de reconnaître les valeurs de ma patiente va aussi m’aider à mieux définir sa condition et mon pronostic.

    Belle journée à toutes et tous!

    Guyane
  • Bonjour à toutes et tous,

    Lorsque le SDRC s’éteint, la condition passerait à une névralgie incessante (stade IV) selon les informations de la page 294 de la 4e édition du manuel.

    Vous est-il arrivé de voir que tous les critères de Budapest étaient encore présents sauf les douleurs continues qui devenaient discontinues et donc, que le SDRC passait directement à un stade III? Ou s’il doit absolument passer par le stade IV et que je l’aurais manqué par une mauvaise interprétation des critères?

    Merci d’avance pour vos commentaires?

    Guyane Mireault, RSDC ©️
  • J'ai eu ma réponse de Claude via une discussion par courriel, que je vous partage:

    "Chère Guyane,

    Il ne faut pas absolument passer de V à IV à III à II à I

    Tout est possible

    Claude"

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