Bonjour ,
Je suis une patiente âgée de 65 ans pour une maladie de Devic avec lésions inflammatoires de la moelle cervicale . Elle n'a pas refait de poussées inflammatoire depuis 1an mais se plaint de douleurs spontanées importantes mais également au moindre contact de la région cervicale droite jusqu'au thorax et ne supporte pas le contact de ses vêtements.
Sa condition neuropathique : Névralgie incessante de la branche cutanée latérale du nerf cervical traverse droit avec allodynie mécanique stade IV de lésions axonale ABeta.
Nous avons retrouvé une zone de contre stimulation au niveau thoracique droit ( TH6) qui est confortable.
Le gros souçis est que la prescription de ne pas toucher la zone rouge est dit- elle impossible! Nous lui avons ( je travaille avec une kinésithérapeute ) expliqué de mille manières mais rien à faire! Quand nous lui demandons de dévêtir au maximum la zone ,elle se plaint du contact du vent ou de simples courant d'air qui déclenchent les douleurs !
Finalement nous nous sommes résolus à ne pas la prendre en charge ( elle est sous antalgiques tout de même sans grand changements biensûr ) et lui avons laissé un délai de quelques mois....la patiente est également suivie dans notre centre pour une tétraparésie spastique en rapport avec sa maladie .
Mes questions :
1- Avez vous l'expérience de patients avec allodynie mécanique statique pour lesquels vous avez trouvé des astuces pour les aider à ne pas toucher la zone à éviter?
2 - Comment expliquer sur le plan physiopathologique le développement de cette allodynie chez une patiente ayant une affection neurologique centrale? Je comprend bien comment cela peut arriver dans le cadre d'une lésion neurologique peripherique mais le mécanisme me semble flou dans le cadre d'une atteinte centrale .
Merci
Michael
Réponses
Cher Michael,
Je me permets de répondre brièvement à ta 2e question.
Je laisse à toutes et tous de tenter de questionner ta première question.
"2 - Comment expliquer sur le plan physiopathologique le développement de cette allodynie chez une patiente ayant une affection neurologique centrale?."
Tout simplement, car c'est une question de définition. Ce que tu appelles, comme médecin, affection neurologique centrale, est pour certaines neuroscientifiques -comme moi- et anatomistes -comme Pierre Sprumont- est une affection neurologique périphérique !!!
En neurosciences - sans consensus -, le corps cellulaire du neurone somatosensoriel primaire et ses deux axones histologiquement identiques font partie du système nerveux somatosensoriel périphérique, c’est à dire :
Tu trouveras le développement théorique dans l'article ci-dessous, sur researchgate:
https://researchgate.net/publication/321193119_SYNTHESE_De_la_nociception_specifique_a_la_sensibilisation_Theories_et_mecanismes_des_phenomenes_inexpliques_de_la_douleur_persistante
En toute humilité, il a été téléchargé 1345 fois. C'est article sujet à la controverse, que j'aime tant. Enjoy your reading. Michael. Meilleures salutations à Henryka. Je n'oublie pas votre article !
Spicher, C, Risch, N., Osinski, Th., Dyer, J.O., Léonard, G., Sprumont, P., Annoni, J.M., Schönenweid, F., Moutet, F., Mermet-Joret, N. & de Andrade Melo Knaut, S. Med(2017). MISE AU POINT De la nociception spécifique à la sensibilisation : Théories et mécanismes des phénomènes inexpliqués de la douleur persistante. e-News Somatosens Rehab, 14(4), 158-167.
Merci pour ce sujet de discussion.
Concernant la prescription de ne pas toucher, parfois, c’est effectivement impossible. C’est pourquoi nous ajoutons à « Ne pas toucher», soit « … autant que possible »; ou « ….autant que faire se peut »; ou une expression semblable de votre pays.
J’ai eu 4 patientes qui n’enduraient pas le contact de l’air et plusieurs textures de vêtements.
As-tu demandé à la dame ce qui était le plus douloureux entre le toucher de ses vêtements et le contact de l’air?
Y a-t-il certaines textures plus douces de vêtements qu’elle tolère mieux?
A-t-elle essayé de porter ses vêtements avec les coutures vers l’extérieur pour diminuer la friction?
Peut-elle faire un compromis en évitant de porter une brassière et en choisissant un vêtement doux qu’elle tolère un peu plus?
Ce ne sont que quelques pistes de réflexion.
Est-ce que d’autres ont des questions à ces questions?
Guyane
Merci beaucoup pour le l'article qui me donne d'avoir une approche un peu différente en considérant le système nerveux comme un " tout" cohérent et un peu moins comme un assemblage de sections !
En effet je n'ai pas pensé à lui poser la question concernant la différence entre les deux stimuli! Pareil pour les textures des vêtements ...merci pour les astuces
Michael