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Bonjour à tous,
Je souhaiterai parler du sentiment d’impuissance face à la fin de prise en soin d’une personne.
J’ai repris le suivi de rééducation d’une patiente ayant une névralgie brachiale intermittente des nerfs collatéraux palmaires du nerf médian et leurs branches dorsales (stade III de lésions axonales Aβ). Cette patiente a eu un suivi de plusieurs mois sans franche amélioration, la patiente est atteinte d’une fibromyalgie, de plus, une tendinite de de Quervain est venue s’ajouter à cette problématique. Les douleurs n’ont pas diminué et la patiente était toujours en demande de la prise en soin. Elle ne voyait pas de diminution des douleurs/gênes. Elle souhaitait par-dessus tout reprendre son travail (secrétaire). Une angoisse de séparation était très présente chez cette patiente. Elle comptait énormément sur la méthode et se reposait sur nous, thérapeute. Ne voyant plus d’amélioration alors qu’elle respectait le protocole de rééducation, j’ai décidé d’arrêter la prise en soin. L’annoncer progressivement à la patiente n’a pas été chose facile car à chaque séance elle était vraiment angoissée en rapport à cette névralgie. Au moment de l’annonce de l’arrêt de prise en soin, je me suis sentie impuissante face à cette non progression et surtout de la « laisser dans la nature » sans suivi ou solution à proposer pour la suite. Comment arrêtez vous vos prises en soins lorsque les douleurs/gênes n’ont pas diminués ? orientez-vous les patients vers d’autres professionnels ? Comment gérez-vous ce sentiment de ne pas pouvoir aider ? Est-ce le moment de se rendre compte que l’on ne peut pas forcément aider tout le monde et de lâcher prise ?
Réponses
Bonjour Mélanie, je me reconnais bien dans ton questionnement. Pour ma part, je pratique la rééducation sensitive mais il s'agit d'un de mes outils parmi d'autres. Je considère que, comme ergothérapeute, nous avons la chance d'avoir plusieurs autres cordes à notre arc. Aussi, si la rééducation sensitive ne progresse pas, je vais avoir tendance à adresser d'autres objectifs: routine de sommeil, recherche d'activités significatives, enseignements divers (ergonomie, importance de garder un réseau sociale supportant et positif, autobienveillance, gestion du stress, etc.), fabrication d'orthèses de repos, conseils sur aides techniques visant à compenser les incapacités, etc. Lorsque le mandat le permet, je fais un peu de tout ça en plus de la rééducation sensitive...! Ainsi, j'ai l'impression d'avoir quand même aidé le patient, bien qu'il a encore de la douleur.
Mélanie, Martine, je partage vos idées et questionnement!
J’ai aussi eu une patiente qui avait un diagnostic de SDRC et de Fibromyalgie. Il va s’en dire un grand sentiment d’impuissance parce que les douleurs généralisé ne partent pas, que la patiente se sent toujours en douleur, mais une fois les signes cliniques de SDRC résorbé, même lorsque la mobilité à reprise et que l’allodynie est disparu et que l’hyposensibilité est normalisé. Oui, il y a eu beaucoup de discussion, d’explication, concernant les impacts, positif, que peuvent apporter la rééducation sensitive, mais les attentes de la patiente de pouvoir enfin se sortir de la douleur était grandes, et un peu irréalise je crois. L’impuissance n’était peut-être pas à propos puisque la rééducation sensitive a fait son œuvre et traiter ce qu’elle doit traiter, mais peut-être que j’aurais voulu qu’elle se sente plus soulagé, soulager dans son ensemble.
Il y a des groupes d’intervention en Fibromylagie au Québec, couvert par notre régime public. Ce n’est peut-être pas la panacée, mais c’est un bon début pour la compréhension du diagnostic et la gestion des épisodes de douleur plus intenses. Et comme ergo, comme tu dis Martine, il y a tant d’outils dans notre coffre, que d’autres éléments de notre pratique peuvent également venir assister le patient dans la gestion de ses douleurs et de son quotidien.
Bonne journée,
Marie-Elaine
Bonjour,
C'est vrai que ce n'est pas facile dire à un patient d'arrêter la prise en charge quand il n'y a pas plus d'améliorations, surtout quand la patiente a des objectifs détermines.
J'ai le même avis que Martine et Mélanie. On peut trouver des autres objectifs pour la patiente qui soient significatifs à base du temps et de la communication. J'ai dit ça, mais j'imagine que la patiente aura besoin d'un temps d'acceptation.
Ruse et astuce
Lorsque nous présentons que la méthode de RSD commence doucement à montrer ses limites, c'est alors que nous commençons à référer ces patient·es à d'autres collègues de notre réseau: ostéopathes qui connaisent très bien notre méthode, thérapeutes en drainage lymphatique manuel, et ainsi de suite. Tout en terminant notre traitement. La séparation est alors moins rude surtout pour les patient·es qui sont régi·es par l'attachement et .... son angoisse ... de séparation ...
Je pense que le contexte est essentiel dans la manière d'aborder l'arrêt de la prise en charge .Évoluant dans un environnement où l'approche réeducative est très peu développée je ne refère que très rarement mes patients à des collègues en cas d'échec,craignant le pire pour la suite. Par contre ,en tant que médécin ,je leur offre assez souvent une béquille , le plus souvent des médicaments qui aident transitoirement,parfois offrent un répit ( purement psychologique ?) mais donne au moins le sentiment de n'être pas abandonné.J'ignore si c'est la bonne stratégie mais ça rend l'arrêt de la rééducation moins pénible pour le patient et le thérapeute.