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Bonjour a tous,
Lors de la lecture de « De la relation thérapeutique et rôle et identité thérapeutique », j’ai pu reconnaitre le profil de patientes que je reçois au cabinet pour des douleurs chroniques.
Voici l’extrait : « Le patient paranoïaque se sent agressé en permanence. Il est possible qu’une problématique douloureuse chronique ait décompensé une structure paranoïaque sous-jacente, on parlera ici de paranoïa réactive ; une telle décompensation arrive relativement vite, quelques heures à quelques jours peuvent suffire. Cependant, le vécu d’agression permanente par des douleurs chroniques n’est pas une expérience délirante au sens psychotique du terme. »
Les reçois principalement des femmes souffrant d’endométriose. Et c’est souvent lors de la première rencontre que je ressens une certaine réserve. En effet beaucoup d’entre elles ont eu une longue errance médicale (en moyenne 7 ans dans le cas de l’endométriose). Elles ont rencontré peu de professionnels connaissant bien leurs pathologies et leurs conséquences (douleurs neuropathiques). Elles se sont senties peu écouter et souvent ressentent de la rancœur face aux personnels soignants.
Ce qui les conduit à être méfiantes face à, un nouveau thérapeute, et a de nouvelles propositions faites, surtout concernant la rééducation sensitive dont personne ne leur a parlé encore.
Elles ont par le passé essayé beaucoup de traitements pour soulager leurs douleurs, qui sont souvent inefficaces. Elles ont l’impression que rien ne pourra les soulager, et sont réticentes à essayer quelque chose de « différent ».
Finalement quand la rééducation se met en place, et que les douleurs diminuent, les patientes sont moins sur la réserve. Elles ont besoin d’une preuve.
L’errance médicale et le sentiment d’être incompris peuvent-ils favoriser le développement de la paranoïa ?
Pour ces patientes ne serait-il pas intéressant de leur partager des témoignages et des études pour montrer l’efficacité ?
300 mots
Au risque d’augmenter le sentiment que rien ne pourra les soulager en cas d’échec ?
Merci
Manon
Réponses
Bonjour Manon,
Je ne connais pas du tout nos actions auprès de cette population, comment ces douleurs se manifestent elles pour ces patientes ?
Je sais que dans certaines situations dans lesquelles les douleurs sont intolérables des opérations chirurgicales plus ou moins invasives sont proposées aux patientes. Interviens tu avant ou après ces dernières ?
Les sentiments d'incompréhension et de solitude pourraient , a mon sens, amener le patient à créer ses moyens de défenses contre les angoisses. La paranoia en faisant partie.
Pour moi oui, les témoignages sont riches d'enseignement non seulement pour nous, rééducateur, et pour eux car les termes employés sont proches de leurs ressenties. Tes patientes se sentiraient peut alors, moins incomprises.
Des témoignages concernant la rééducation sensitive et l'endométriose ont il été réalisés?
128 mots
Elvina
Rééducatrice de la sensibilité en cours de formation
La problématique que tu évoques, Manon, me fait penser à celle des patients que nous voyons suite à une erreur médicale ou "aléa thérapeutique" : la confiance avec le corps soignant est cassée, tout est contre eux.
Petit partage d'expérience : Dans ces cas, je redouble de prudence sur ce que je dis. Avant de mettre la rééducation en place, je prends encore un peu plus le temps de l'expliquer. J'évite " autant que possible" (😉) d'être le soignant qui "sait". J'utilise les articles et témoignages avec parcimonie: mon but n'est pas de vendre "ma rééducation" pour les convaincre. Je leur en parle, leur propose s'ils le souhaitent, souvent ça vient dans un second temps quand la relation commence à s'instaurer.
Bien sur, manon, avec l'endometriose, tu touches encore plus à l'intime. Ça rajoute une sacrée composante !
Bonne formation !
Environ 140 mots.
Amphelise (rsdc), qui n'a pas bien compris le principe du jeu des mots et du Q et A avec un autre identifiant.... 😂
Merci pour vos réponses.
Les douleurs ne se manifestent pas de la même façon en fonction des atteintes. Mais beaucoup souffrent de douleur neuropathique a cause d'une lésion "mal placée" ou suite a une intervention chirurgical. Les localisation sont donc différentes d'une patiente a une autre. Mon intervention peuvent se passer avant ou après une opération, en fonction du parcours médicale.
Je ne sais pas si il y a des témoignages écrit par des patientes souffrant d'endométriose concernant la rééducation sensitive ! Je vais regarde cela de plus près.
Est ce que le fait de ne pas être le soignant qui "sait", ne peut pas aussi avoir l'effet inverse ? Elles pourraient avoir l'impression de rencontrer un nouveau thérapeute qui ne savent pas vraiment comment les accompagner ?
Bonne journée
Bonjour Manon,
Comme toi, je me retrouve souvent confronté à des patients qui souffrent de douleurs neuropathiques depuis des années et qui ont été « ballotés » d’un médecin à un autre, d’un thérapeute à un autre et au final arrivent chez nous après avoir consulté un nombre de professionnels de la santé longue comme le bras.
A mon sens, comme le dis Elvina, la personne va développer des mécanismes de défenses pour faire face à la déception, à l’échec, à la souffrance et à l’incompréhension du corps médical et paramédicale. La paranoïa peut faire partie de ces mécanismes. A mon avis, il est effectivement très important de partager le vécu d’autres personnes souffrant des mêmes pathologies et ayant expérimentées les bienfaits de la méthode afin de leur redonner l’espoir d’une amélioration possible. Cela permettra à la personne de s’investir plus facilement au départ dans la mise en place de la thérapie avant de constater des progrès. Ça aidera également à tisser le lien thérapeutique en donnant de l’importance à ce qu’elle ressent et en cherchant à comprendre ce qu’elle vie.
Bonne journée !
Valentin
Mais si je me place en personne qui "sait": je laisse moins de place à la personne: Encore un énième thérapeute qui arrive avec son traitement tout prêt et qui me dit que ça va marcher....Quelle est alors l'option pour la personne ? : Je fais une autre fois confiance et je m'expose à une énième désillusion, Ou je réfute en bloc pour ne pas m'y exposer?
Notre formation et singularité de réeducateur (et en particulier d'ergo😉) nous impose de remettre la personne dans sa problématique quotidienne. Là, c'est la personne qui est experte !
Cet aspect très concret, permet, à mon sens, de réveiller chez la personne en pleins doutes et perte de confiance un petit "tiens on ne m'a jamais parlé comme ça".
C'est un juste milieu: Chacun arrive avec son expertise pour rentrer dans cette relation et reeducation: basique... mais des fois ça fait du bien de se le remémorer ! 😊
Je le dis souvent comme ça aux patients...
J'avoue que j'ai souvent plus de difficultés à mettre en place une rééducation chez les patients dont les douleurs sont d'apparition très récente. Mais c'est un autre sujet... 😉
Amphelise, qui est particulièrement intéressée par les sujets du jour. (ça tombe bien je suis en congé ! 🤗)
Bonsoir à toutes et tous…
Que de discussions passionnantes… Merci beaucoup…
En lien avec cette conversation et au cas où vous ne l’auriez pas encore lu :
Témoignage d’une patiente « Douleurs neuropathiques : un mal intime »
https://www.neuropain.ch/sites/default/files/e-news/e-news_somatosens_rehab_15_4.pdf#page=11
Je trouve ce témoignage extrêmement pertinent...
En le partageant lors de notre première séance en RSD, il permet de contribuer à la construction de fondations solides pour le futur lien thérapeutique et de faire « baisser la pression »…
Bonne suite !
Géraldine