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Ergo . auto-entrepreneur . RSDC

Bonjour à toutes,

Je suis ergothérapeute et je travaille en centre de rééducation fonctionnelle à Bourgoin (HC et HDJ)
Voilà plusieurs semaines que je réfléchis... et le post de Mehlen Lauriane (Novembre 2020) m'a confirmé mon questionnement : Comment faire le suivi d'un patient nécessitant de la RSD lorsque celui-ci ne justifie pas/plus d'une prise en charge en HDJ (typiquement SDRC de Budapest, allodynie et hypoesthésie tactile). De plus, depuis que j'envoie le CR de bilans aux chirurgiens de mes patients, j'ai eu plusieurs bons retours ainsi que des sollicitations afin que j'effectue des bilans diagnostiques de lésions axonales Aβ . Néanmoins, je ne possède pas de statut me permettant de faire du libéral et l'organisation institutionnelle est déjà très (trop) complexe pour répondre à ces demandes.

De ce fait, pour palier à ma frustration de ne pas pouvoir aider ces patients et pour répondre à la demande (et parce que je me passionne pour la RSD) j'ai pour projet de m'installer en tant qu'auto-entrepreneur est de proposer d'effectuer des bilans diagnostiques de lésions axonales Aβ et le suivi de la rééducation dans le secteur de Bourgoin.

Avez-vous des expériences de professionnels effectuant de la RSD en libéral/auto-entrepreneur ?
Dois-je rendre des comptes sur l'utilisation de la RSD en libéral ? existe-t-il des contraintes ou des avantages ?

Je suis ultra-motivé !

Merci pour votre aide

Florent PIN

Réponses

  • Bonjour Florent,

    Merci pour ta question qui résume la frustration de plusieurs RSDC avec qui j’ai pu échanger.

    Je travaille en libéral sous le statut auto-entrepreneur.
    OUI la prise en soins des patients pour de la rééducation sensitive est possible en libéral du moment que c’est prescrit médicalement.

    Il faut savoir qu’il n’y a aucun remboursement par la CPAM.
    Il peut exister, de façon marginale, mais de plus en plus régulière, une prise en charge de quelques séances par certaines mutuelles.

    D’un point de vue plus technique, il me semble que tu ne peux pas travailler en tant qu’ergothérapeute libéral si tu es salarié à 100% d’une structure.
    Si tu es salarié à temps partiel, alors tu peux créer une société (en tant qu’autoentreprise par exemple), mais il faut absolument avoir l’accord de l’établissement où tu es majoritairement salarié. Ton établissement peut alors refuser et/ou accepter avec ou sans condition (par exemple clause de non-concurrence sur des patients que tu aurais pu suivre au centre, avec éventuellement une clause « géographique » de ton secteur d’intervention).
    Bref ce n’est pas si simple…mais c’est possible !

    Belle journée à tous et surtout n’hésitez pas à compléter, corriger….mes réponses.

  • Bonjour à tous,

    Oh que je comprends ta frustration Florent. C est un beau projet même si malheureusement du fait de la contrainte financière cela ne peut répondre à tous les patients.
    En ce qui concerne le régime d auto-entrepreneur il est tout à fait autoriser même si tu travailles à 100% car ce sont 2 régimes différents. L autorisation d activité complémentaire n'est obligatoire que lorsqu tu travailles dans le publique.

    Dans la pratique tu restes mettre des outils que tu utilisent pour répondre au mandat que l on te soumet. Nous avons le droit de réaliser nos propre diagnostic ergo. Par contre bien sûr de mettre en avant tes méthodes et résultats ne pourront être que bénéfiques pour ton patient et ceux a venir du praticien qui te les envoies comme tu l as déjà avec efficacité semble-t-il. Peut être d ailleurs peux tu partager ton expérience pour faire reconnaître ta plus value pour ceux qui se battent encore avec le corps médical....

    Bien a vous
    Carpe diem

    Maéva
  • Bonjour Maéva, merci pour tes précisions!

    Dans tous les cas, public ou privé, l'établissement où tu es salarié doit être au courant et donner son accord.

    https://www.economie.gouv.fr/entreprises/emploi-salarie-micro-entreprise-auto-entreprise:
    Quelles conditions remplir pour être salarié et micro-entrepreneur ?

    Votre activité indépendante doit s’exercer en harmonie avec vos prérogatives en tant que salarié et la nature de votre emploi. Vous devez ainsi respecter les impératifs suivants pour être dans une situation de conformité sur le plan juridique :

    1)votre activité ne doit pas concurrencer celle de votre employeur
    2)vous devez disposer d’un contrat qui ne vous interdit pas d’effectuer une activité indépendante
    3)vous devez respecter les règles de non-concurrence et de loyauté éventuellement fixées dans votre contrat.
    

    Après, quand j'ai appelé l'URSSAF pour leur demander des renseignements, ils ne savaient pas! C'est l'expert comptable qui m'a le mieux renseigné!

    D'autres expériences??

  • mars 2021 modifié

    Bonjour,

    Merci pour vos retours d'expérience et vos précisions.
    Le statut de l'auto-entrepreneur semble être assez flou. J'ai pas mal parcouru les différents sites, il y a tout et son contraire. J'appellerais l'urssaf lundi, mais peut être que j'aurais pas plus de réponse que toi Wagner! Je vais signaler mon projet aux RH et à ma cadre. Le but n'est pas de faire de la concurrence déloyale mais bien d'améliorer la prise en charge des patients, je pense que le CRF ne sera pas opposé, bien au contraire.

    C'est vrai que l'aspect financier peut être une contrainte. Néanmoins j'en vois des aspects positifs dans le sens où j'aurais des personnes motrices dans les soins. Je pense que nous avons tous constaté l'influence de la "gratuité" des soins en HDJ.

    Concernant le corps médical, j'ai présenté un bilan diagnostique de lésions axonales Aβ au Dr MPR et aux thérapeutes du patient (SDRC de Budapest). Je lui ai transmis l'ensemble du bilan, la rééducation associée, la prescription de ne pas bouger et autres indications. J'ai rajouté les références bibliographiques. J'ai convaincu le kiné avant la synthèse (ça fait 3 ans que les thérapeutes s'acharnent à étirer l'épaule sans résultat...).

    Le médecin était plus mitigé mais très intéressé. Il m'a dit qu'il était d'accord pour le protocole de rééducation. Il m'a signalé qu'il fera le point avec le patient dans 6 semaines en consultation. Je lui ai juste précisé que si il décide de ne plus appliquer la prescription de ne pas bouger, je ne ferais pas de mobilisation active/passive de l'épaule du patient. Il a trouvé cette réflexion plutôt cohérente avec ma présentation. De plus, comme mes collègues ergos ont eu la même formation, elles devraient avoir le même discours.

    J'ai aussi demandé au médecin, combien il avait diagnostiqué de SDRC dde Budapest de manière précise et combien il en avait traité et "guéri" ? Il n'a pas su/pu me répondre.

    En parallèle, j'ai directement contacté les chirurgiens des patients, en envoyant par mail le CR du bilan et d'autres références. J'ai eu l'impression (oui, c'est subjectif) qu'ils étaient même soulagés d'avoir un diagnostic précis.

    Tout dépend de ton équipe, du médecin prescripteur et des patients...

    Encore merci à tous les 2!
    N'hésitez pas à rajouter vos expériences ou compléter les informations.

  • Bonsoir à tous, bonsoir Florent,
    je travaille aussi dans un Centre de Rééducation Fonctionnelle et je me suis retrouvée dans la même réflexion que toi il y a quelques temps. Ce qui me posait question c'était comment demander à certains patients de payer leurs séances alors que d'autres seraient soignés gratuitement pour le même suivi...
    Au final nous avons pu faire évoluer les prises en charges en HDJ pour la rééducation sensitive donc ces réflexions sont en suspens, mais je serai curieuse de connaitre l'évolution de tes choix...
    très bonne soirée
    Céline

  • mars 2021 modifié

    ATTENTION * ATTENTION * Communication indirecte * ATTENTION * ATTENTION

    Bonsoir, j me permets une mise en garde tardive, car il y a péril en la demeure.

    Communiquer de thérapeute à médecin est depuis la nuit des temps un art consommé qui comprend de nombreux écueils.

    Depuis la pandémie corona, la tâche s'est encore corsée, car le temps, la disponibilité, voire tout simplement l'attention à nous lire devient de plus en plus difficile pour les médecins fatigués par un manque de repos et aussi souvent en convalescence du syndrome corona.

    Je me permet de vous rappeler ce que nous enseignons:
    Communiquer aux médecins des informations passives sans attendre de retour et donc sans questions ouvertes. N'entrez surtout pas en affrontement direct, restons à notre place: celle de l'indication et du pronostic de nos thérapies.

    Nous mettons en évidence des bilans diagnostiques de lésions axonales Aβ et nous ne prononçons PAS de diagnostic; tout au plus nous énonçons des conditions somesthésique ou neuropathiques.

    En toute humilité, cette stratégie de communication écrite est payante. Elle est pratiquée au Centre de Fribourg depuis 2004. A ce jour, nous travaillons ainsi avec ... 704 médecins de toutes spécialités. Nous recevons ici et là quelques retours, mais surtout grâce à un millier de rapports par année, nous atteignons notre seul but: prévenir les interruptions de prise en charge. Les médecins prescripteurs qui nous ont référé leurs patients qui leur font soucis ont seulement interrompu une petite douzaine de traitements (total = 3517 patients); soit ~4/1000 ou 0,4/100 si vous préférez.

    Sachez mettre aisément le genou à terre, entendez, subordonnez-vous au besoin. Cette profession est très susceptible et rancunière.

    "Être humble au point de plus pouvoir se sentir offensé". Dom Marie-Gérard Dubois.

    Enfin, soyez patient. Allez de commencement en commencement, toujours par des commencements nouveaux. Hier, j'ai accueilli avec attention une première patiente référée par un médecin qui reçoit nos informations indirectes depuis ....... 16 ans.

    Pensée, Idée, Avant-projet, Projet, Création, Oeuvre, Accomplissement

    Claude Spicher, directeur du Centre de rééducation sensitive du corps humain (Fribourg - Suisse).

  • Bonjour à toutes,
    Mr Spicher, je n'ai pas oublié vos conseils prodigués lors de la 4ème session de formation en Novembre lorsque j'échange par oral ou par écrit aux médecins et chirurgiens. J'attends rien d'eux mais j'envoie mes CR pour structurer ma pratique et justifier mon intervention (comme je le faisais déjà avant). Néanmoins, nous avons tous fait l'expérience d'une mauvaise interprétation de propos à l'écrit. J'essaye au mieux d'être factuel et d'améliorer ma syntaxe. Pour le moment, les échanges sont enrichissants et constructifs !
    Céline, par expérience j'ai peur qu'une nouvelle fois je m'épuise à construire ce projet et ne pas le voir mener au bout au CRF. J’ai déjà eu le cas pour la mise en place du projet lombalgie (un combat de 5 ans) et toxine botulinique (abandonné après 2 ans de présentation, de réunion etc...)

    Je poursuis mes investigations sur le besoin d’un RSDC en auto-entrepreneur…
    Merci de votre bienveillance,

    Florent,

  • Bonjour,

    Voilà, je me suis lancé. J'ai pris le statut d'auto entrepreneur pour faire exclusivement de la rééducation sensitive. Pour le moment, je vais le faire en dehors de mes heures de travail.

    Je vous laisse découvrir le site que j'ai fait :
    www.ergo-neuropain.fr

    N'hésitez pas à me faire des retours. Toutes les critiques sont bonnes ! J'ai tenté de faire simple mais pas trop.

    Bonne journée,
    Florent,

  • Salut ! hâte de suivre ton parcours... très sympa le site, concis et précis.
    Moi je me lance aussi dans l'association de deux disciplines l'ergothérapie pour la rééducation sensitive des douleurs uniquement et la pratique de l'hypnose, en plus de la RSDC et également pour les autres types de douleurs.
    Bravo! en tout cas.
    Tu me diras si les patients payent et si les médecins prescrivent.
    Un médecin de la douleur du CHU a déjà dit à une de mes patientes qu'elle ne prescrivait pas car elle ne connaissait pas.
    J'entreprend des démarches d'éducation aux médecins de Touraine, y a du boulot.
    On se tient informé.
    Julie.

  • Bonjour Julie, bonjour à tous,

    C'est un très beau projet. Bravo et courage. Peut-être pourrais-tu partager comment tu entreprend ta démarche d éducation des médecins. Je suis certaine que cela pourra aider d autres personnes que ce soit pour convaincre en interne ou en externe.

    N'ayons pas peur d affronter l'inconnu, c'est souvent là-bas que se trouve le petit plus qui fait la différence.

    Portez vous bien

    Maéva
  • Bonjour,

    Je vous fais un petit retour des mes 3 premiers mois en tant que RSDC libéral.

    J'ai eu quelques misères à acheter les monofilaments. Dans un premier temps le 1er fournisseur m'a envoyé la grosse mallette, mais elle était mal conditionnée et les monofilaments tous tordus (vision d'horreur!). J'ai contacté un autre fournisseur mais comme le 1er ils sont en rupture de stock ou alors les délais sont annoncés à 4 mois. en fin de compte, j'ai réussi à avoir une pochette Von Frey (pour vraiment pas cher) juste à temps. LE TOP !

    Je loue un cabinet à l'heure, ce qui me permet d'avoir une certaine souplesse. La contre-partie c'est que l'heure est assez cher. J'ai plusieurs pistes de cabinet qui me permettrait de diminuer ce coût et ainsi le répercuter sur le tarif de mes prestations qui est assez onéreux.

    Actuellement, j'ai 2 suivis en cours qui m'ont contacté, l'un par ma communication directe, l'autre par l'intermédiaire d'un kiné libéral.
    J'ai été sollicité par le chirurgien avec qui j'étais en lien afin de faire un bilan pour une de ses patients. J'ai été contacté par 3 autres personnes qui souhaitent démarrer un bilan mais qui réfléchissent encore. (le prix/le localisation)
    J'ai eu beaucoup de demande de personnes qui m'ont sollicité pour avoir des contacts de RSDC en France. Je les ai orienté vers le RSDC le plus proche de chez eux! peut être que certaines d'entre vous aurons de nouveaux patients :smile:
    D'ailleurs, Julie, j'ai donné ton contact à 2 personnes :smiley: . J'espère que tes coordonnées sont à jour

    Je vais petit à petit pouvoir récupérer le suivi de certains patients qui nous avions en rééducation au CRF mais qui ne justifient plus d'une prise en charge pluri-professionnelle.
    De plus, la direction et les médecins commencent à voir les premiers résultats finaux de certains patients qui ont suivi un traitement de 4/5 mois au CRF (Stade V avec AMS). De ce fait, les médecins du CRF vont plus facilement prescrire un bilan diagnostique de lésions axonales aB. A nous de continuer d'argumenter pour que les prescriptions de ne pas bouger/ de ne pas toucher soient validées par tous.
    C'est un travail de longue haleine mais les choses avancent. (cothérapie accepté, organisation différentes pour les patients de RS)

    Je le dis... je suis plutôt fier pour le moment. J'avance petit à petit, sans pression.
    J'avoue que je suis passionné par mon métier d'ERGO ainsi que par la rééducation sensitive ! Je m'éclate ! (je réfléchis déjà un la re-certification mais chaque chose en son temps)

    Suite au prochain épisode.

    Merci à tous

  • Bonjour à tous, bonjour Florent,

    Merci beaucoup pour ce retour plein de positif qui donne de l énergie pour continuer et persévérer. Nous avons entre les mains une très belle approche non médicamenteuse globale qui est efficace et qui mérite de se développer pour le bien de toutes ces personnes qui souffrent parfois dans l incompréhension générale d'un symptôme invisible mais au combien invalidant. Tout ce en quoi l ergotherapie oeuvre...
    Félicitations pour la réalisation de ton projet et garde ton enthousiasme communicatif. Je te souhaite une bonne suite et tiens nous au courant de l 'évolution de ton entreprise.

    Maéva
  • Salut Florent,
    Merci d'avoir transmis mes coordonnées, moi aussi ça démarre tranquillement.
    Il faut encore que j'informe les médecins. Pour le moment, les contacts pris par l'intermédiaire de patients ou directement sont frileux, bien qu'ils se disent intéressés d'en connaître davantage.
    Je dois faire des démarches plus directs avec les CRF.
    Quand à la pratique... j'y travaille au fil des personnes rencontrées...
    A bientôt.
    Julie

  • Au passage, je précise que je pratique également l'hypnose depuis quelques mois. J'agrémente les séances avec ses deux techniques selon les besoins. Un médecin m'a adressé un patient présentant selon lui des douleurs neuropathiques, sans que je ne puisse rien conclure sur la mise en évidence d'une condition somesthésique lors du bilan?
    Je vous laisse les coordonnées de mon site, au besoin tu peux le transmettre : www.hypnergo.com
    A bientôt

  • Je veux juste dire bravo à toi Florent!
    Comme toi, je vis les mêmes frustrations (mais au Québec) et j'ai pensé à offrir ces services de façon autonome depuis quelques semaines, et comment je peux mettre cela en place / comment me préparer pour cette nouvelle entreprise. Il semble que tu es sur la bonne voie et je te souhaite bonne chance dans ta nouvelle entreprise passionnante!
    J'aime beaucoup ton site web - claire, simple et précise.
    :)

    • Amandeep
  • Bonjour à tous,

    En tant que soignée, je me permets d'intervenir par rapport aux sujets abordés, notamment en ce qui concerne la relation médecin/thérapeute, le bienfait de diverses approches complémentaires lors d'allodynie et/ou SDRC, la nécessité d'un suivi ininterrompu, et l'urgence que les soins des douleurs neuropathiques soient reconnus par les assurances.

    Je pense qu'effectivement, la confrontation avec un médecin, un neurochirurgien, un expert n'est pas judicieuse. Le patient qui, avec un peu de chance est orienté vers un thérapeute géographe de la sensitivité, sait et sent que ce sont deux voies bien différentes, deux approches au mieux complémentaires, souvent antagonistes mais qu'il a besoin des deux, notamment pour la médication.

    Ce que je vais vous raconter est de l'ordre de l'intime. Si je m'ouvre à vous c'est parce que cette expérience singulière qui a commencé en 2016 peut entrer en résonance avec du plus universel, avec d'éventuelles situations que vous rencontrerez ou avez rencontrées.

    A un moment donné, lorsque j'allais contrôler l'évolution de mes deux opérations (dont la première en urgence car sciatique paralysante), je voyais bien que le neurochirurgien qui avait pu me ramener le pied pendant, -à qui je dois beaucoup car j'étais passé à trois fois rien de la chaise roulante, selon ses dires- se fixait essentiellement sur l'aspect fonctionnel. Quand j'évoquais les douleurs neuropathiques (sans savoir d'ailleurs que cela en était), il disait que c'était normal, que cela prenait du temps, qu'il fallait que je continue la balnéothérapie et que je reprenne le travail au plus vite pour éviter la chronicité. Il ne voulait pas être associé à un "échec".

    C'est ma médecin généraliste, Virginie Degrez, qui m'a prescrit des séances chez Diane Duchesne, RSDC à Cruseilles, en Haute-Savoie, pas loin d'où j'habitais. C'est cette dernière qui est venue me voir chaque semaine, en hiver, quand je ne pouvais pas me déplacer. Ma prise en charge n'a jamais été interrompue, grâce à l'effort conjugué d'une médecin généraliste et d'une rééducatrice de la sensitivité, ; grâce à cette patience et ténacité qui caractérisent l'exercice de votre profession, grâce à votre votre conscience aiguë des effets potentiellement dévastateurs des douleurs neuropathiques chroniques.

    Quant au neurochirurgien, après avoir jeté un oeil au dossier coloré, tenu par Diane Duchesne, du haut de sa profession, il m'a orienté vers le centre de la douleur de l'hôpital de Genève. Il a passé la patate chaude et il a été plus que frileux quant à la prescription de séances de rééducation sensitive pour une prise en charge de l'assurance. Sa crainte était palpable.

    Grâce à son ordonnance, à l'H.U.G., j'ai participé à un groupe de thérapie comportementale et cognitive, qui se centrait sur les petits progrès gagnés au fil des jours, avec des objectifs simples mais gratifiants. Cette approche a permis de nous serrer les coudes quelques mois, entre participant.e.s, au milieu de nos calvaires invisibles.

    Parallèlement, j'ai bénéficié des soins d'un excellent kinésithérapeute, qui avait travaillé des années comme ostéopathie, qui travaillait en s'ajustant sur la prescription de ne pas toucher et qui a pris contact avec Diane pour que le suivi soit optimal. J'ai également bénéficié de séances d'hypnose, qui m'ont beaucoup aidée, surtout au niveau du moral. C'était une ressource de plus pour tenir et faire avec des douleurs très intenses (Julie, quelle riche idée d'offrir ce soutien). On peut en parler plus particulièrement si tu le désires (estelle.murraycv@gmail.com)

    Au bout d'un an et demi, après avoir presque complètement guéri l'allodynie, Diane et moi nous sommes confrontées à un état stagnant. Elle a eu la sagesse et l'humilité de me référer à Claude Spicher qui m'a suivi en thérapie alternée avec Sandrine Clément, et qui, à leur tour, au fil des rencontres, ont permis à la douleur de diminuer de moitié. Aujourd'hui, je suis suivie par un ostéopathe et une homéopathe qui m'a prescrit du phosphore et une thérapie du miroir. Ca continue d'avancer, autrement.

    Mais il faut dire que dans tout ce parcours, j'ai eu l'énorme chance de bénéficier d'une assurance internationale exceptionnelle, qui couvrait à 80% les frais de rééducation sensitive. Sans ce privilège -qui ne devrait pas en être un- je ne sais pas ce qu'il serait advenu. Il y a encore une grande injustice au niveau des prises en charge, sans oublier que l'intensité des douleurs peut engendrer la perte du travail des patient.e.s, tout comme la décision des experts peut aboutir à un refus d'aide invalidité. Trop de patient.e.s ne peuvent se payer une rééducation sensitive.

    D'ailleurs cette expertise en elle-même est problématique si elle est faite lors d'une allodynie, et dans le but de justifier l'arrêt maladie délivré par les médecins!!! Elle retarde le processus car la prescription de ne pas toucher n'est pas respectée. Dans mon cas, il s'est avéré que l'invalidité a été estimée à 70% mais pour ceux qui souffrent sans que cela se voie lors d'examens, c'est terrible. Double invisibilité (la/les maladies + les examens négatifs)

    Je pense que les faits objectifs, les résultats obtenus, les articles, les témoignages de soigné.e.s, les formations, les recherches transversales, les livres ou manuels écrits, vont parler d'eux-mêmes et faire avancer le long processus de reconnaissance de votre profession par les assurances. Mais, si je mets un moment à votre place, votre parcours est long, pétri d'humilité, de rigueur, de professionnalisme, de passion, de frustrations et de tact.

    Ne baissez jamais les bras, même si votre engagement est de silence ou d'ombre, vous le faites POUR vos patient.e.s. Des rais de lumière percent, il n'y a qu'à lire les Somatosens Pain Rehab, -notamment les témoignages des soignées-, la 4ème édition du manuel, votre quotidien, le bouillonnement de vos interrogations, ...

    Courage et succès à Florent, à Julie, à Amandeep, à Céline dans leur entreprise et à tous ceux qui s'engagent dans des soins respectueux.

    Estelle Murray

  • Bonjour à tous, pour faire suite aux propos d'Amandeep
    Je suis en pratique privée au Québec et on offre la RS depuis le 1er module au Québec en 2009. Isabelle Quintal s'est jointe à moi à son retour de Suisse et à deux, on a parcouru la région de Montréal, les cliniques de la douleur ainsi que les congrés de la douleur au Québec pour faire connaitre la RS . Nous poursuivons également les communications écrites et verbales avec les md, conseiller en réadaptation, assureur. Nous sommes maintenant 4 ergothérapeute à offrir la RS à notre centre. La RS fait partie de nos moyens d'interventions donc les gens sont remboursés pour leurs traitements en ergothérapie auprès des organismes payeurs . Mais nos efforts sont constants et demeurent sans relache pour faire connaitre la RS, mais cela en vaut la peine, et la demande est croissante depuis le début.

  • Merci pour ton témoignage Estelle!
    C’est vrai que le fait d’avoir accès à une bonne assurance fait toute une différence! Bravo pour ta confiance et ta détermination à poursuivre avec la rééducation sensitive de la douleur et pour les autres approches avec lesquelles tu as mis toute ta participation!

    Merci Sophie de ton acharnement à faire connaître la RS! J’en suis aussi dans ce type de démarches en Outaouais québécois, pour faire valoir l’importance d’offrir un service public en douleurs chroniques incluant le traitement des SDRC et l’importance de faire former des intervenants en RS. Un nouvel hôpital s’en vient, j’espère qu’ils considèreront ma demande!

    Il y a des jours où je suis découragée par les limites du système et que je voudrais aussi démarrer un service en pratique privée, mais de me battre contre les expertises médicales et la CNESST, ce n’est pas tentant quand on est seule… Courage à ceux et celles qui sont dans cette situation! Je vous admire!

    Guyane
  • juillet 2021 modifié

    PAS d'acharnement

    Chères toutes, chers tous,

    Avec mes 33 ans d'expériences professionnelles, je pense qu'il ne faudrait pas considérer ces actes nécessaires comme de l'acharnement.

    Plutôt comme une recherche de justice. C'est le système qui mène à ces injustices déshumanisées.

    La question est:
    Y-a-t-il quelqu'un derrrière les processus?

    Avec implication et détermination

    Claude

  • Effectivement, le mot « acharnement » est mal choisi. «Détermination », « implication » et même « attitude proactive » auraient été plus justes!

    Dans un esprit d’amélioration continue,

    Bonne fin de journée!

    Guyane
  • Allo!

    J’ai un couple de clients maintenant qui sont à la fin de leurs fichiers, après avoir essayé tout le reste qui n’a pas fonctionné pour eux, et les agents sont prêts à donner RS un essai! Je pense que cela peut m’aider, espérons-le, à convaincre les agents de plus en plus, et nous espérons les éduquer dans le processus.
    Un cas à la fois... avec patience, et détermination / implication / attitude proactive comme Guyane a bien dit!

    @sophie a dit :
    Bonjour à tous, pour faire suite aux propos d'Amandeep
    Je suis en pratique privée au Québec et on offre la RS depuis le 1er module au Québec en 2009. Isabelle Quintal s'est jointe à moi à son retour de Suisse et à deux, on a parcouru la région de Montréal, les cliniques de la douleur ainsi que les congrés de la douleur au Québec pour faire connaitre la RS . Nous poursuivons également les communications écrites et verbales avec les md, conseiller en réadaptation, assureur. Nous sommes maintenant 4 ergothérapeute à offrir la RS à notre centre. La RS fait partie de nos moyens d'interventions donc les gens sont remboursés pour leurs traitements en ergothérapie auprès des organismes payeurs . Mais nos efforts sont constants et demeurent sans relache pour faire connaitre la RS, mais cela en vaut la peine, et la demande est croissante depuis le début.

  • Bonjour,

    Voilà un an que je me suis lancé dans l'aventure d'auto-entrepreneur ergothérapeute suite à ma certification de Janvier 2021. Pour rappel, j'effectue uniquement des accompagnements en lien avec la RS. Je suis également salarié dans un centre de rééducation fonctionnelle.

    **
    A ce jour en tant qu'auto-entrepreneur,**
    Je réalise uniquement les bilans diagnostiques au cabinet (que je loue à l'heure) qui se situe à 5 min du CRF. Très pratique. L'organisation de réservation des créneaux est galère car pas en temps réel. Il faut attendre la réponse de la gestionnaire. Le CRF m'a "refusé" la sous location d'une salle en dehors des heures de rééducation pour exercer mon activité complémentaire. J'effectue quelques SPP/2pts/arc en ciel des douleurs à domicile.

    Je me suis équipé du bouquin (4ème ed), de l'atlas, des monofilaments, du 2 pts etc. Soit environ, 600/700€ d'investissement.
    Depuis, j'ai réalisé environ 8 bilans sur 4 patientes différentes. J'ai des contacts de personne souhaitant effectuer un bilan mais qui viennent de trop loin. J'ai réorienté les personnes vers le RSDC le plus proche grâce à la carte du site neuropain.ch (souvent Région parisienne, normandie et alsace)
    Prochainement, je vais recevoir un jeune homme qui a été orienté par des RS de Clermont Ferrand (Merci!).

    Trois patientes sont suivies à la consultation douleur du CH de Grenoble et 1 à celle de Lyon. Les spécialistes aurait lu mes CR et je les ai contacté par mail (A ce jour sans réponse).
    Dans 15j, je reçois ce jeune homme qui vient de Clermont Ferrand (soit environ 2h30 de voiture). La famille décide de dormir une nuit à Bourgoin afin que je puisse réaliser le bilan en 2 temps comme prévu dans le protocole.
    Une patient m'a appelé aussi d'Albertville (1h30 de voiture) pour réaliser un bilan.
    J'ai aussi eu d'autres appels pour des questions, avis etc.

    J'ai eu 3 demandes pour évaluer les douleurs neuropathiques dues à des lésions du nerf pudendale (dont ce jeune homme et la patiente d'Albertille).
    Mes patients ont entre 17 et 35 ans. Ils sont déterminés, plein de question. C'est incroyable. Je m'éclate.

    Comme prévu, malheureusement, le prix du bilan et du suivi freinent certains patients...c'est frustrant.
    De plus, comme averti, les situations sont beaucoup (beaucoup) plus complexes qu'au CRF. Pour ce dernier, les patients n'ont pas une primo indication de RS et sont déjà dans un parcours médical. Pour les patients que je reçois en libéral, en moyenne 2 ans d'examens et de consultation séparent notre rencontre...

    J'ai eu quelques contacts de chirurgiens sur Lyon et j'ai rencontré un chirurgien de l'épaule de Bourgoin. Prochainement, par le biais d'une amie, je devrais rencontrer des pharmaciens.

    **Au CRF,
    **Le fait d'avoir été certifié à permis de développer la RS avec mes collègues (N2). De ce fait, des binômes sont faits (presque) systématiquement.
    Nous avons fait une première présentation aux médecins puis une seconde au plateau technique et soignants des étages.
    Si un bilan diagnostique nécessite la mise en place de "prescription de"... le protocole est présenté aux médecins en réunion de synthèse. Par la suite est décidé de la mise en place ou non du protocole (tout ou rien!). Ce fonctionnement à fait l'objet d'une réunion préalable.
    Les choses avancent petit à petit. Nous avons dû faire nos preuves et maintenant les médecins nous font plus confiance.

    J'ai demandé la formation en 2023 à Fribourg mais elle a pas été retenue car le plan de formation portait sur 2022. Malheureusement je crois que le timing ne sera pas bon pour 2023 et que la formation va me passer sous le nez !

    Prochainement,
    J'aimerais améliorer ma communication extérieure notamment en contactant les médecins généralistes de Bourgoin. C'est vrai que ça prend du temps (et malheureusement, comme tout le monde, j'ai quelques galères dans ma vie perso qui me prennent du temps ! grrr) mais ça donnerait un peu d'élan bien que je sois déjà satisfait des suivis en cours.
    Je suis aussi frustré de ne pas pouvoir mettre en place plus rapidement le TENS et les Patch de Lidocaïne, ça serait bien plus pratique pour les patients. De ce fait, il demande au médecin ou à la consultation douleur. Bien évidemment, et c'est bien dommage, je comprends qu'un ergothérapeute ne puisse pas les prescrire.

    **Puis dernière chose, et c'est là que j'a besoin de vous car pour moi c'est complexe de demander aux patients de revenir pour le suivi de la RS "juste pour" un SPP/2pts/arc en ciel des douleurs lorsqu'ils viennent de loin pour "quelques minutes". Comment ça se passe pour vous ? **

    Merci d'avoir pris le temps d'avoir lu la totalité ou une partie du texte.

    Belle journée,

  • Bonjour Florent,

    Attention, nous ne sommes pas des « passeurs de tests », la rééducation sensitive n’est pas juste un filament à courber ou un bout de tissus à frotter.

    Tu as pu suivre les cours sur la gestion du lien thérapeutique.

    Une séance, c’est un recueil d’informations, un déchiffrage de subtilités, une appréciation des évolutions depuis la séance précédente, ce sont des informations indirectes qu’il faut savoir repérer…
    et au cours de la discussion, je réalise, au moment opportun, le SPP, les 2 points ou l’arc-en-ciel des douleurs…

    J’ai beaucoup de mal à faire des séances de moins de 50 minutes.

    Gautier RSDC® module niveau 4

  • avril 2022 modifié
    Bonjour Florent,
    Je travaillais auparavant dans un cabinet libéral et pour les patients ayant des douleurs neuropathiques, je bloquais une heure. Comme le dit Gauthier, j’avais beaucoup de difficultés à tenir ce timming… Entre l’évaluation générale du patient, de ses symptômes douloureux, de l’étendu des douleurs, de l’observance au traitement et des difficultés en lien aux techniques de rééducation (que ce soit des techniques de RSD ou autres pouvant se coupler)…
    Bon courage pour la suite!
  • Bonsoir Florent,
    Travaillant en Suisse comme indépendante, je peux te donner mon point de vue par rapport à la fin de ton message.
    Je rejoins totalement Marie-Charlotte et Gauthier. Le SPP, l'AEC des douleurs ou encore les 2 points sont des moyens d'évaluation à utiliser dans la méthode pour laquelle nous nous sommes formés.
    Je réserve également 60 minutes par patient et souvent ce n'est pas de trop! Certains patients utilisent ce temps pour parler, pour "se vider" et il est parfois difficile de tout faire durant la séance. Nous travaillons avec des patients, pour la plupart, en grande souffrance, souvent pas reconnus par le reste du cours médical et leur entourage et je pense qu'on ne peut pas s'arrêter au rôle de "passeur de test" avec notre formation, nous avons beaucoup plus à apporter aux patients.
    A méditer durant le week-end !
    Bonne suite
    Céline

  • Bonjour,

    Merci pour vos nombreuses réponses.

    Je ne me considère pas comme un passeur de test car on sait très bien que cette méthode est bien plus holistique. J'apprécie autant la passation que l'alliance thérapeutique avec le patient qui est différente en libéral et au centre de rééducation.

    Malheureusement, la contrainte est financière car je loue au besoin un cabinet à l'heure et chaque évaluation intermédiaire, comme toi Gautier, durent 45/60min. Donc je réserve 1h.
    Pour être transparent (en même temps c'est sur mon site ! ) je facture 150€ le bilan avec 3 rencontres. Puis les évaluations permanentes (2points/SPP/Arc-en-ciel des douleurs), je facture 25€. Sachant que le cabinet me coûte 15€/h et que j'ai 25% de cotisations sur ce que je déclare, ca fait environ 3€ net de l'heure. Ma patientèle ne me permet pas d'enchaîner les bilans ou suivis sur les mêmes soirées.
    J'envisage pas d'augmenter le tarif de ces évaluations car à mon sens c'est le prix que ca vaut car "Le montant des honoraires doit cependant être déterminé avec tact et mesure. Lorsque les honoraires des actes et prestations facturés atteignent 70€, l’ergothérapeute doit vous en informer par écrit, préalablement à la réalisation de la prestation.» Arrêté du 30 mai 2018"

    C'est pourquoi j'effectue du domicile pour ces suivis car je peux prendre le temps et financièrement je m'y retrouve plus. Néanmoins, c'est pas toujours possible car certains patients viennent de loin. A ce jour, bien évidemment que j'effectue les suivis au cabinet si le patient le demande bien que je gagne 3€. Pour précision, le bilan diagnostique est réalisé uniquement au cabinet.

    Ce fonctionnement de cabinet à l'heure est très appréciable pour l'activité en dehors de celle du CRF mais elle a aussi des contraintes.

    J'ai demandé au CRF une sous location ou un arrangement autre pour que je puisse baisser mes tarifs des suivis... Sans succès.

    Merci de m'avoir lu,
    Bonne journée,

  • Bon matin Florent, toutes et tous,
    Comme nous venons de l'étudier, à nouveau, lors de notre 137e cours, nous avons trois identités: 1). Identité personnelle 2). Identité professionnelle 3). Identité institutionnelle.

    La sous-location dans une institution où tu as déjà, par ailleurs aussi la même activité, ne serait pas d'une lisibilité flagrante pour les patients et les collègues. Je comprends aiséement que les décideuses·eurs considèrent que ce n'est pas uen bonne idée.

    Dans tous les cas, maintenir une activité en libéral demeure un défi de tous les instants
    Courage

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