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SDRC de Budapest sans traumatisme, est-ce possible?

Bonjour, je suis toute nouvelle dans le monde de la rééducation sensitive et j'apprends tranquillement à l'apprivoiser.
J'ai reçu une référence d'un orthopédiste pour le suivi d'une cliente qui présente des paresthésies à un pied et des changements trophiques à ce niveau. Il y a des douleurs qui augmente tout au long de la journée, interférant avec le sommeil. Il n'y a pas de sensation de cuisson, mais bien une sensation de froideur. La référence est accompagné d'un diagnostic de SDRC. Les résultats des examens EMG et IRM ne démontre aucune atteinte. La patiente n'a pas eu de traumatisme.
Ainsi, considérant l'absence de traumatisme ET l'absence de sensation de cuisson/chaleur, je remettais en question le diagnostic. Vous en pensez quoi?
Merci pour votre entraide!
Marie-Elaine

Réponses

  • Bonjour Marie-Elaine et bienvenue à toi si tu es toute nouvelle :)
    Pour commencer quelques éléments de réponse, les examens médicaux tels qu'EMG qui reviennent négatifs sont malheureusement fréquents et décourageants pour les patients mais pas représentatifs de l'absence de lésions, (cela a été évoqué récemment sur ce forum mais je ne sais plus dans quelle discution...) donc on ne peut pas s'appuyer dessus pour valider un diagnostic de SDRC. Pour cela tu as la procédure diagnostique de Budapest que tu retrouves dans le manuel...
    Concernant l'étiologie, il en existe plusieurs que tu peux aussi retrouver dans le manuel p. 256 (compression, psychosomatique, métabolique, infectieuse ou biochimique), donc pas forcément un traumatisme identifié...
    Par contre, dans ta situation, si tu ne retrouves pas les signes cliniques te permettant de confirmer un SDRC, tu seras face à une névralgie intermittente ou incessante (stade 3 ou 4 de lésions axonales) avec +/- allodynie mécanique.
    Maintenant c'est toujours délicat de contredire un diagnostic, il me semble qu'il nous a été proposé d'écrire dans un 1er temps le diagnostic connu et de le compléter avec ta proposition de diagnostic en apportant une "precision"... Qu'est ce que tu en penses?
    J'espère que ces éléments de réponse t'aident un peu, si d'autres veulent compléter...
    Très bonne journée
    Céline
    Rsdc
  • Bonjour Céline et un gros merci pour votre belle réponse!
    Toutes les connaissances sur le sujet ne sont pas encore intégrées, mais petit à petit j'y arrive, donc votre réponse me fait un excellent résumé.
    Pour le moment, nous ne sommes pas en mesure d'identifier une cause à cette névralgie/SDRC. Quoiqu'il soit délicat de contredire un dx, le médecin est très ouvert, donc je crois qu'il sera plutôt facile de discuter avec lui. Par contre, il y a bel et bien signe de névralgie, ça il n'y a aucun doute.
    Encore une fois merci d'avoir éclairée mon chemin,
    Bonne journée
    Marie-Elaine

  • Bonjour à tous,
    Marie Elaine

    Merci pour ta question qui alimente la réflexion de tous. Tu pointes du doigt je dirais malheureusement, encore une fois, la discordance entre les examens médicaux et les examens cliniques. Comme l a tres bien dit Céline c'est la rigueur avec laquelle tu vas réalisé ton propre examen qui va guider ton diagnostic et le traitement que tu vas mettre en place par la suite. Et en plus si tu as la chance d'avoir un médecin à l'écoute ca ne pourra que bien se passer.
    N'hesites pas à revenir vers nous pour nous donner la suite et que l'ensemble des membres du forum puisse profiter de ton expérience. C'est aussi cela la formation continue.

    Maéva
  • Bonjour Marie-Élaine,

    Merci pour tes questions qui nous permettent de revoir certaines notions concernant les SDRC.

    Dès que nous faisons face à un SDRC, nous sommes devant un cas complexe. Et les cas complexes, tu apprendras à mieux les traiter après ta formation avancée, si tu prévois la faire, ce que je t’encourage fortement!! J’ai tellement appris et placé les morceaux du casse-tête en place suite à cette formation!

    En attendant, Céline t’a déjà bien répondu concernant les examens négatifs et elle t’a parlé des signes et symptômes du SDRC de Budapest (p.373 du manuel 4e édition), qu’on ne voit pas en formation de niveau 1. Mais la formation de niveau 2 couvre vraiment ce type d’évaluation. Il se peut que tu aies de la difficulté pour le moment à les répertorier. Je serais donc très prudente à ta place avant de remettre le diagnostic en question. Dans ce que tu décris, il y a déjà des indices de la présence du SDRC:
    -changements trophiques (p.373);
    -douleurs augmentant en cours de journée (syndrome vespéral, p. 295 du manuel 4e édition);
    -interférence avec le sommeil (nuits sans repos, p.285)
    -douleur localisée au pied (51% des SDRC y sont localisés, p.289)
    -froid douloureux (autre manifestation possible qu’on retrouve en p.297)

    Je suis curieuse de savoir les résultats du QDSA… (points et qualificatifs). Ceci pourrait aussi nous aider à t’aider.

    À noter qu’en présence d’un SDRC, une des clefs du succès est de ne pas bouger l’articulation siège du SDRC. Se plaint-elle de raideur? Si oui, est-ce à la cheville? Ou articulations du pied, orteils? (P.297)

    Ça peut être une perte de temps que de chercher la cause du SDRC, sauf si ça t’aide à comprendre l’histoire médicale, à renforcer le lien thérapeutique et prévenir les comportements psychopatologiques.

    Mais pour le moment, mieux vaut travailler à partir de tes évaluations (esthésiographie ou allodynographie, QDSA, etc).

    Au plaisir de lire la suite!

    Guyane, RSDC-niveau 3
  • J’ai enfin débuté le suivi avec cette patiente.
    Voici un résumé de mes premières observations/évaluation :

    Madame est préposée au bénéficiaire aux soins intensifs d’un hôpital régional. En mai 2021, elle fait 4 quarts de travail, du vendredi au lundi. Elle fait des « temps supplémentaires obligatoires » (horrible stratégie mise en place par notre gouvernement pour pallier à la pénurie de main d’œuvre dans les hôpitaux…). Ainsi, elle travaille 12h les 2 premiers jours et 16h les 2 autres. Donc 56h sur 4 jours. Ses quarts de travail sont le soir et la nuit. Le lundi matin alors qu’elle rentre à la maison, les enfants sont en congé d’école, elle joue avec elle dehors plutôt que d’aller se coucher. Et c’Est au cours de cette avant-midi que la douleur et la boiterie s’installe progressivement jusqu’à n’en plus être capable de marcher. Elle est maintenant en arrêt de travail.
    Ainsi, il n’y a pas de trauma franc, mais peut-être des micro-traumas, une entorse… La douleur ne l’a jamais quitté depuis, mais les symptômes douloureux et les changements moteur et vaso-moteur se sont amplifié. Bien sûr, au début l’orthopédiste a fait faire une panoplie de tests, d’imagerie, EMG, etc, mas tout est négatif. Considérant la présentation clinique, il a posé le diagnostic de SDRC.

    Signes trophiques :
    Œdème : cheville et avant-pied G
    Coloration : Parfois rouge
    Température : asymétrique. Parfois chaud, parfois froid au toucher.
    Sudation : N
    Pilosité : N
    Ongles : N

    Raideur importante a/n cheville. La mobilité des orteils est complète et celle du genou également.

    QDSA
    Total des douleurs sensorielles : 11-67 points (les qualificatifs les plus importants sont serrement, fourmillements et engourdissements)
    Total des douleurs affectives-émotionnelles : 50-75 points
    Total des douleurs : 28-70 points

    Il n’y a pas d’allodynie mécanique statique.

    L’esthésiographie démontre une hypoesthésie a/n de tout le territoire de provenance cutané du nerf péronier superficiel et de ses 3 branches terminales.
    SPP : 3,6gr

    Ainsi, mon impression en est une de syndrome douloureux régional complexe du nerf péronier superficiel (stade V de lésion axonale Aẞ).

    J'ai suggérer l'utilisation de béquille pour diminuer la pression mise sur la cheville qui lui occasionne beaucoup de douleur et proposer la thérapie touche-à-tout (4x 5min/jour).

    Astuces? Suggestions?

    Merci

  • Bonsoir Marie-Élaine,

    Merci de nous présenter les premiers résultats d’évaluation de ta patiente.

    Bravo d’avoir recommandé l’utilisation de béquilles, ta patiente pourra éviter de faire bouger sa cheville gauche et ce, jusqu’à disparition de la douleur au repos et à la mobilisation au niveau de sa cheville (p. 295-296 du manuel 4e édition).

    Ce qui est impressionnant, ce sont les scores du QDSA… ouff, quelles souffrances! As-tu remarqué les scores plus élevés pour le total des douleurs affectives-émotionnelles par rapport au total des douleurs sensitives? Et le score total inférieur plus élevé que 20 points? Et le score total supérieur au-dessus de 60 points? Tu pourras voir quelques directives à suivre en pages 163 et 164 du manuel de 4e édition…

    Tu peux continuer de suivre les étapes de l’évaluation clinique, mais prévois ajouter le QDSA la semaine prochaine pour suivre l’évolution des pointages.

    Pistes à réfléchir:
    - médication?
    - soutien psychologique?
    - co-thérapie avec un.e RSDC ?
    - présence d’angoisse? Si oui quel type? (Formation niveau 2)
    - lien thérapeutique (formation niveau 2)

    Au plaisir de te lire et de t’aider!

    Guyane Mireault, RSDC niveau 3
  • Rebonjour Marie-Élaine et salutations à toutes et tous,

    J’ai lu cet article cette semaine sur Twitter que «Burning nights» a publié . On y parle des différentes causes et de l’absence de cause du SDRC. Ça touche le titre de ta discussion, alors ça pourrait t’intéresser!

    https://www.burningnightscrps.org/crpsrsd/how-can-you-get-crps/

    Bonne journée!

    Guyane, erg et RSDC
    CISSS de l’Outaouais (CRR La RessourSe)
  • Merci Guyane pour tes commentaires, tu me guides magnifiquement bien!
    En effet, le score au QDSA a vraiment attiré mon attention et j'y reviendrai à ma prochaine rencontre avec elle. Elle prend de la médication (anxiolytique) et est connu pour un trouble anxieux.
    Merci pour tes pistes de solution et tes indications dans le livre, et la référence twitter!
    Bonne journée,
    Marie-Élaine

  • avril 2022 modifié

    SDRC de Budapest sans traumatisme, est-ce possible?

    Bon après-midi, bon matin et bonne nuit Orphélia en Nouvelle Calédonie,

    Depuis plusieurs années, les co-webmasterssssss à temps partiel privilégient sur cette plateforme, à dessein, la fluidité à la rigueur.

    Cependant, comme 21 nouvelles apprenant·es vont débuter le 25 avril leur cours avancé, il devient impératif d'éviter des apprentissages erronés. En conséquence, je me permets de veiller au grain, d'être plus vigilant.

    LesSDRC de Budapest n'est pas synonyme de l'algodystrophie, Depuis 1999, cette nouvelle terminologie a l'avantage d'avoir résolu la question de l'étiologie de ce syndrome qui doit présenter scientifiquement au moins un symptôme dans CHAQUE catégorie et en conséquence dans la catégorie somatosensitive.

    Ainsi selon la méthode de RSD (notre chapitre 13), nous avons deux conditions:
    1). SDRC de Budapest avec une HYPO-esthésie paradoxalement douloureuse au toucher
    C'est le 66 % de notre cohorte de 417 patients Page 248
    2). SDRC de Budapest "avec une HYPO-esthésie tactile"
    C'est le 34 % de notre cohorte de 417 patients Page 248.

    L'étiologie d'un SDRC de Budapest "est" des lésions axonales Aβ. Plusieurs publications l'ont démontré et une nouvelle est en préparation pour un grand journal, avec 86 patients qui présentaient un SDRC du pied. Nous y travaillons.

  • Chère Marie-Élaine, cher Claude, chères toutes et tous,

    Je suis contente d’avoir pu te guider un peu, Marie-Élaine!

    Et je suis aussi très contente du commentaire de Claude concernant sa mise en garde!

    Si je comprends bien, l’article que j’ai mis en référence est un bel exemple d’article qui peut nous confondre dans les terminologies et les mauvaises informations au sujet du SDRC qui devrait être basé sur les critères de Budapest.

    Mais je réalise que nous avons la chance d’avoir des chercheurs et lecteurs rigoureux comme Claude et autres auteurs de nos manuels, qui nous donnent certaines explications vraiment rassurantes sur les bases de notre méthode et sur les différentes recherches. Voir page 286 à 288 pour les explications à propos de la terminologie du SDRC de Budapest. En plus, ils nous mettent au courant des tendances actuelles dont celle écrite en page 288, 1er paragraphe, à propos de lésions mineures présentent même dans le SDRC de type I et de la subdivision entre type I et type II qui « a tendance actuellement à être abandonnée par les experts… »

    Ceci peut paraître idiot, mais je suis satisfaite d’avoir publié ce mauvais article et de me faire reprendre. Preuve que même lorsqu’on se perfectionne, il est facile de se tromper et ce forum est un bel endroit pour s’entraider et rester dans la bonne voie!

    Quand j’ai publié la référence de cet article, j’avais tout de même une petite voix intérieure qui me disait que quelque chose n’allait pas avec cet article. Je lisais des choses que je n’avais pas vues en formation. Et j’aurais dû le relire plusieurs fois pour saisir ce qui clochait…
    Avec le commentaire de Claude, ceci m’aide à me méfier des articles dits «scientifiques»… On nous encourage à beaucoup lire différents articles scientifiques, mais je réalise combien il est facile de se faire berner par de mauvaises études ou des informations qui ne sont pas toutes à jour…

    Nous avons un manuel toujours mis à jour et une quantité d’articles sur neuropain.ch avec tous les e-news. Ceux-là sont fiables et collent à notre pratique!

    Continuons notre perfectionnement ensemble!

    J’ai retiré le partage de cet article de ma page Twitter. Merci de cette rigueur, Claude!

    Désolée si j’ai laissé croire par cet article qu’il existait des SDRC sans cause alors que tout SDRC est relié à une lésion axonale de fibre Aẞ.

    En toute reconnaissance de nos échanges,

    Guyane, qui parfois apprend aussi de ses erreurs!!!
  • avril 2022 modifié

    Critères pour le choix d'un article: pensée complexe

    Chère Guyane, chères toutes, cher tous,
    Lors du premier module niveau 4 - en 2014 - Mélanie Kaeser (PhD) et moi avons enseigner une journée sur le thème: Recherche pratique. Nous faisions alors partie de la même unité de recherche dure sur la neuroplasticité adaptative.

    Depuis le Département de la méthode fait ce travail passionnant d'intégrer - ou non - un article dans la bibliographie de la méthode de RSD. Ainsi cette liste ne comprend pas près de 700 articles, livres, chapitres de traitté et articles sur le web en six langues, mais plus de 1500 !

    Quels sont les critères pour intégrer une référence:

    • Les auteurs: Ron Melzack, CJ Woolf, Marshall Devor sont des auteurs extrêmement sûrs.
    • Les références bibliographiques de l'article. Elle doit comprendre un interface avec nos connaissances actuelles; différentes certes, mais pas trop. Mon premier jour de collaborateur scientifique en neurosciences, j'ai pris en main un livre "The hand and the brain". Sur les 435 références, j'en connaissais une ... la mort dans l'âme, je l'ai reposé.
    • Vos connaissances. Notre raisonnement, avec, au besion, l'aide d'une personne compétente sur le sujet, nous permet d'établir si le propos est cohérent. Il peut être contradictoire et tenir très bien la route. A Ossaka, jai dû intégrer les recherches de Nick Rawlins sur l'insula et son rôle supplémentaire d'anticipation de la douleur, car le travail de son groupe de recherche à l'université d'Oxford (dont Petra Schweinhardt) tenait vraiment la route. Magnifique. Enthousiasmant. Le DPT de la méthode fait appel, ici et là, à des expert·es dans le domaine, d'un article à intégrer ou non.

    A la fin, il faut trancher et ce choix reste subjectif.

    Bienvenue, Guyane, toute et tous, dans le monde de la pensée complexe et ses dialogiques !

  • Merci Claude!

    Oui, pensée complexe et ses dialogiques!

    J’ai encore beaucoup d’efforts à y mettre. Lecture, relecture, questionnements, comparaisons, consultation de pairs, échanges, intégrer la reconnaissance de bons auteurs, puis la vérification des références bibliographiques qui ont un lien ou non avec notre méthode.

    Ce que je prioriserai pour le moment, c’est de rechercher mes articles à travers ceux des e.news et des multiples références que nous retrouvons à la fin de notre manuel!

    En toute humilité et en espérant que mes réflexions en aident d’autres à trouver aussi une bonne méthodologie pour rechercher des articles fiables.

    Bonne et belle journée de printemps!

    Guyane
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