Salutations, Étranger !

Si vous souhaitez rejoindre la communauté, cliquez sur l'un de ces boutons !

Névralgie pudendal

Bonjour,
Je reçois au cabinet une jeune de 20 ans diagnostiquée avec une névralgie pudendal.
J’ai pu réaliser le QDSA et les plaintes de la patiente font penser a une allodynie. Ces douleurs sont localisé au niveau de la vulve et des ischions. Toute la zone est décrite comme douloureuse.

Sauf que je n’ai pas réalisé d’allodynogrpahie, car la patiente ne le souhaitait pas.
J’ai donc noté « Névralgie Incessante avec allodynie mécanique du nerf pudendal ( stade IV des lésions axonales AB) » ne pouvant pas être plus précise sur la zone du nerf pudendal.
J’ai donc proposé de mettre en place la préscription de ne pas toucher, et la CSVD.

Je me demandais comment je pouvais évaluer l’allodynie et l’évolution, tout en respectant son refus ?
Je me demandais également quels conseils donné vous pour éviter de toucher toute la zone de la vulve et des ischions ? Un coussin pour déchargé la zone quand elle est assise est commandé.

Merci

Réponses

  • Bonjour manon,
    Difficile cette zone !
    J'ai eu contourné la difficulté en négociant une allodynographie très "périphérique" sur quelques points: le toucher des fesses est, à mon avis, mieux vécu que la vulve. La confiance s'installant, on s'en est rapprochées et au final nous ne sommes jamais allées sur les lèvres ou la vulve. Je me suis contentée d'un 5 ème point à quelques cm.
    La dédramatisation et surtout une bonne dose d'humour nous ont aussi bien aidées: quand on cherche ensemble comment s'habiller : culotte bouffante style french cancan ou kilt sans rien "comme les écossais"... Nous avons rit, parfois un peu jaune mais rit tout de même ! 😊
    Bon courage !
  • Bonjour Manon, Amphélise, toutes et tous!

    Merci Manon pour ta question si préoccupante pour bien des thérapeutes! Il y a effectivement de ces endroits plus intimes qui sont difficiles à évaluer. Merci Amphélise pour le partage de tes stratégies! Les commentaires de Claude et Estelle dans le post sur « pudeur en institution » viennent aussi donner de très bonnes réflexions pour nous aider à créer un lien thérapeutique de confiance et avancer dans notre examen clinique.

    Pour poursuivre les réflexions, lorsque notre patiente n’est pas prête à se faire examiner dans cette région intime, pouvons-nous poser une condition neuropathique si l’examen clinique n’est pas complet? Voir p. 121, figure 6.2 de notre manuel 4e édition.

    Quand nous n’arrivons pas à faire une allodynographie ou une esthésiographie par refus de la patiente, nous pourrions tout au plus affirmer anamnestiquement être en présence (exemple) d’une névralgie pudentale incessante avec hypersensibilité du périnée puisqu’il n’y a pas encore suffisamment de tests positifs pour conclure à une condition neuropathique avec ou sans allodynie.

    En espérant aider à faire comprendre l’importance de notre démarche de raisonnement clinique à nos patientes pour qu’elles acceptent l’examen comme une femme enceinte accepte de se dévoiler devant un médecin pour faire analyser l’évolution de sa grossesse…

    En attendant leur réceptivité, le lien thérapeutique est à développer. J’aime bien les informations sous «Douleur et sciences sociales » des pages 128 à 138 de notre manuel.

    Tiens-nous au courant de l’évolution de ton suivi, Manon! Ce pourrait être un très beau Fait Clinique à présenter pour devenir RSDC®️☺️

    Belle journée à toutes et tous!

    Guyane Mireault, RSDC®️
  • Bonjour à toutes et tous,

    Il est toujours délicat de demander à un·e patient·e de se dévêtir, plus encore pour certaines parties du corps. Cependant, je trouve aussi que les patient·e·s sont plus à l'aise si la thérapeute elle-même est à l'aise avec la situation.

    En ce qui concerne les adaptations pour ne pas toucher la région pudendale, le coussin évidé est une solution ; et comme le souligne Amphélise, adapter les vêtements est aussi nécessaire.
    Si la personne travaille en bureau, un bureau réglable en hauteur peut aussi aider. Apprendre à la personne à faire des pauses dans la journée, si possible durant lesquelles elle peut s'allonger sur le côté.
    Aborder la vie sexuelle et la relation de couple, aussi. Mais encore une fois, il faut que la thérapeute soit à l'aise pour aborder le sujet !

    Et dans ces cas-là, la cothérapie peut vraiment aider !

    En espérant que ces quelques pistes puissent t'aider, Manon :smile:
    Bonne journée à toutes et tous

    Florine, RSDC®
    Fribourg (CH)

  • Merci pour vos réponses.
    Ce sont les adaptations que j’ai proposé pour ses études et sa vie quotidienne :smile:
    La vie sexuelle a aussi été abordée.

    Malheureusement, l’accompagnement a été stoppé.
    La plus grande problématique est la présence de sa mère je pense. Elle est très présente pendant les séances, et quand je parvient a la faire sortir, elle reste juste derrière la porte… donc pas toujours évident pour la jeune.
    J’ai essayé de discuter avec la mère de cette situation pas forcément évidente pour l’intimité de sa fille. Celle-ci c’est braquée et a annulé les rendez vous pour sa fille.

    Avez vous déjà rencontrer se genre de situation ? Comment réagiriez vous ?
    Merci

  • octobre 2021 modifié

    Chère Manon, chères toutes, chers tous,

    Toi qui a suivi la 1e partie de la formation, voilà un thème qui sera abordé longuement dans la 2e partie en ligne de ce printemps prochain: Les comportements psycho-pathologiques.

    Cela me fait penser à une histoire belge. Une responsable de formation continue, une fois, a refusé de donner aux participantes les livres qui étaient les supports de cours, pourtant compris dans la finance d'inscription. En essayant de démêler ce sac de noeuds avec un superviseur, je lui demandais si c'était "du foutage de gueule" ou "du grand n'importe quoi" ou "de l'incompétence" ou "de la mauvaise foi". Il m'a répondu: non Claude, c'est simplement un mot de trois lettres qui commence par "v . ."; du vol.

    Ici, je dirais: "Manon, c'est un mot de sept lettres qui commence par "i . . . . . ."; de l'inceste.

    En comprenant cela, je m'imagine que ce n'était pas le seul domaine où madame était intrusive. Aborder, ces autres domaines aurait peut-être pu permettre d'approcher de la scène ou d'arriver au même résultat: se faire éjecter de cette relation sans limites.

    Moralité. C'est du niveau 2

    Que les personnes choquées par mes propos n'hésitent par à intervenir, après re-lecture (ce que j'ai fait à de nombreuses reprises).

    Claude

  • Bonjour Manon, Amphélise, Guyane, Florine et Claude,
    Bonjour à toutes et à tous,

    C'est avec plaisir que je viens vous rejoindre dans vos réflexions.

    Chère Manon, je n'arrivais pas à trouver le mot qui définirait cette relation malsaine. Une mère qui viole l'espace intime de sa fille, c'est grave, le mot "inceste" me semble approprié, Claude. Une grande part de la souffrance de cette jeune femme est forcément liée à cette mère maladivement invasive et possessive. Comme dit Nina Bouraoui, le travail et l'intimité sont les deux piliers qui nous escortent et qui nous rendent à peu près équilibré. Or que reste-t-il à ta patiente?

    Cette maman-là malheureusement est une prédatrice et je profite de lever mon verre à tous ces hommes frères qui ne sont pas prédateurs, dont on ne parle pas assez et qui participent au combat des femmes!!!

    Effectivement, chère Manon, dans la perspective de la maman de ta patiente, tu représentais une menace, celle du vol de sa fille. Tu étais au milieu d'une violence inouïe, celle qui ne fait pas de bruit, derrière la porte. Ta patiente est prisonnière de son corps et de sa mère qui la prend en otage. Qui pourra la faire sortir de la nuit de son mutisme? Je le lui souhaite de tout coeur, mais je crois que pour n'importe quel thérapeute, cette situation représente un vrai défi, demandant des talents de psychologue et un tact intuitif...qui permettrait éventuellement d'éveiller son désir, à elle, de sortir de cet enfer...C'est ce genre d"'échec" (je préfère le mot expérience) qui fait avancer.

    Votre métier demande une formation complète, alliant des savoirs et talents d'ergothérapeute ou kinésithérapeute, (neuro)scientifiques, techniques, en anatomie, ou encore dans la sphère de la psychologie, la pédagogie, l'humour, la narrative, l'herméneutique, bref un bagage qui se construit sur des années de formation, d'expériences, d'échanges et...toujours et encore de formation continue (ça tombe bien, il y a plein de formations annoncées).

    Belle fin d'après-midi.
    Estelle

  • Re-bonjour,

    Vos réflexions m'invitent à rebondir...notamment sur l'image de Guyane quand elle dit : "faire comprendre l’importance de notre démarche de raisonnement clinique à nos patientes pour qu’elles acceptent l’examen comme une femme enceinte accepte de se dévoiler devant un médecin pour faire analyser l’évolution de sa grossesse…"

    Pour ma part, je vois une différence de taille entre le dévoilement de la femme enceinte et celui du/de la patient.e souffrant de douleurs neuropathiques. La première est impliquée dans un processus naturel de vie alors que dans le second cas, il y a rupture du flux vital, irruption d'une tonalité mortifère. L'étrange acuité de la douleur, l'incompréhensible, l'intransmissible habitent un (hémi)-corps isolé. Pour la femme enceinte, il y a surabondance de vie à dévoiler ; pour le/la douloureuse chronique, il y a une "invisible mutilation criante".

    Quant au fait d'appréhender grandement le moment d'être touché.e, lorsque l'on souffre d'allodynie, je le comprends totalement. Personnellement, j'ai trouvé très éprouvante la première séance, suite aux tests diagnostiques, ET je me suis sentie à la fois soulagée qu'un horizon thérapeutique s'ouvre. Aucune zone de confort n'avait été trouvée, il a fallu quelques semaines (2 je crois, en haut du crâne). Les semaines suivantes, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, pourquoi c'était juste l'enfer et que ça persistait. Des bougies avaient été rallumées... Commençait alors un apprentissage de proprioception et de capacité à dire stop au bon moment, pour moins de répercussions sur les jours et nuits suivantes...

    Un marathon, des étapes, pas de pauses, toute une aventure...

    Bonne fin de dimanche,
    Estelle

  • Chères toutes, chers tous,

    Merci Estelle pour ton témoignage et tes réflexions. Après cette lecture de tes commentaires, je réalise que mon image était effectivement mal choisie. J’essayais de faire le lien entre le fait que nos patientes puissent avoir suffisamment envie de se faire soigner pour se dévoiler en faisant confiance en notre méthode, comme une femme enceinte a suffisamment envie de connaître l’évolution de sa grossesse pour se dévoiler devant son médecin.

    Mais je comprends que l’état d’âme dans lequel se trouve la femme enceinte et la patiente souffrant de douleurs est très différent et que la capacité à se dévoiler prend une toute autre tournure quand la douleur accapare les pensées; qu’il est bien plus difficile de se sentir disposée à faire confiance ou à collaborer quand on a fait face à différents échecs concernant nos douleurs; qu’il est bien plus difficile de s’abandonner quand plusieurs experts n’arrivent déjà pas à trouver un traitement efficace; que notre méthode est peu conventionnelle et qu’il faille une période d’adaptation pour la patiente pour comprendre ce qu’il se passe…

    Manon, il m’est arrivé de faire face à des familles dysfonctionnelles où une mère ou une grand-mère faisaient échouer l’évolution de ma thérapie ou nuisaient à mes traitements. C’est fréquent quand on travaille en pédiatrie. Souvent, j’essaie de comprendre les motifs de ces parents saboteurs en faisant ressortir les actions qui seraient bien intentionnées pour leur faire reconnaître leurs efforts pour aider leur enfant. Après cette reconnaissance, il arrive qu’on me permette d’aller de l’avant dans mes interventions, jusqu’à ce qu’un petit commentaire ou une partie de mes interventions fasse remonter en elles une sorte de menace. Il faut beaucoup de tact et de capacité à comprendre les modes défensifs des gens devant nous pour arriver à leur refléter leurs réactions et savoir comment réagir de la bonne façon. Il faut aussi se connaître personnellement pour s’avouer capable ou non de maîtriser la bonne approche à adopter. En cas de difficultés, la 2e partie de la formation aide beaucoup à s’outiller pour se préparer!

    Bravo pour tes efforts devant cette situation délicate!

    Bonne chance pour la prochaine!

    Guyane
  • Chère Guyane,
    Chères toutes, chers tous,

    Tes mots sont justes et j'espère ne pas t'avoir froissée, en rentrant dans ton image! Parfois, je suis encore à vif, et je sur-réagis sans doute!

    Longue vie à votre méthode peu conventionnelle!

    Quant aux familles dysfonctionnelles sur la défensive, quel boulot de rentrer dans la faille, pour les désarmer. Les toucher. Votre profession est au coeur du tact. Toute mon admiration.

    Bonne journée à toutes et tous.
    Estelle

  • octobre 2021 modifié
    Chère Estelle,
    Chères toutes et tous,

    Il m’arrive d’être susceptible quand je me fais reprendre ou qu’on écrive un commentaire contradictoire au mien. Mais comme pour tout le monde qui partage sur ce forum, il faut pratiquer l’humilité puisque nous ne savons pas tout! Accepter de se faire remettre en question fait partie de notre perfectionnement.

    Savoir SE REGARDER dans nos émotions plutôt que d’ÊTRE notre émotion est beaucoup plus efficace pour garder le calme et pour agir. Se laisser envahir par nos émotions (être notre émotion) nous entraîne dans la réaction plutôt que dans l’action… (tiré de « Quand la conscience s’éveille » - Anthony De Mello).

    J’y travaille beaucoup depuis quelques mois! 😉

    En sachant ceci, j’ai pu comprendre ta réaction et en apprécier l’émotivité. Tes interventions comme patiente sur ce forum nous oblige à se placer davantage dans la peau des souffrantes et à se décoller de notre manuel, de notre théorie.

    Merci Estelle!

    Belle journée à toutes et tous!

    Guyane
  • Merci pour vos réponses !
    C’est vrai que je n’avais pas forcément vu cela comme ça… mais c’est vrai que la mère ne respecte pas l’intimité de sa fille.
    J’imaginais plus sa réaction du fait de l’errance diagnostic de sa fille , et de certains médecin/ soignants qui n’ont pas forcément été très a l’écoute des douleurs et des difficultés quotidiennes rencontrées.
    Je me suis dis que c’était peut être une manière de protéger sa fille.

    Mais maintenant, suite a vos réponses, je ne serrais pas dire quelle hypothèse est la bonne;

    Bonne journée

    Manon

Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.