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Bonjour à toutes(s) ,
Je me permets de poster ce message pour vous présenter un cas clinique qui se « rapproche » de celui d’Eva (août 2020) et qui me met en difficulté. Vos commentaires, pistes de réflexion seront, je le sais, une précieuse aide.
On m’adresse en centre de rééducation un patient de 44 ans NCB C6-C7 droite depuis 2013 (contexte d'accident de travail sur port de charges) traitée en 2014 par infiltration avec évolution favorable pendant 10 mois. Puis plusieurs infiltrations consécutives (jusqu’ à 4 !) Sans résultat. en 2017, réalisation d'une ostéosynthèse C5 -C6 et C6 -C7 + pose cage intersomatique. Ses séjours successifs en CRF n’amélioreront pas les douleurs neuropathiques.
En 2021 pose d’un neurostimulateur cervical voie postérieure en regard de C4 - C5 pour lutter contre les douleurs neuropathiques qui a amélioré l'état du patient pendant…3 jours seulement. Il est suivi en parallèle au centre anti douleurs qui propose la mise en place de patchs de lidocaïne sur les zones douloureuses ce qui n'améliore rien. Patient qui s’est progressivement isolé socialement et semble résigné à accepter ses douleurs. Il se présente aujourd'hui en séance avec un gant compressif (englobant l’ensemble des doigts) sur la main droite qu'il porte en permanence car son pouce est « hypersensible » au niveau de la pulpe et l’interface crée artificiellement par le gant lui permet de « moins ressentir ». Jusqu’à présent, aucun bilan de lésions axonales Aβ n’a été fait.
Je réalise donc un bilan de sensibilité :
Le QDSA montre que la sphère émotionnelle (92 points) prend le dessus sur la sphère somesthésique (61 points). Un accompagnement psy est fait au centre.
Les critères de Budapest sont positifs SDRC (Stade V de lésions axonales Aβ) avec allodynie mécanique statique des nerfs collatéraux palmaires du nerf médian (pulpe du pouce). On retrouve aussi une 2ième allodynie (ou première en ordre d'arrivée ? ) plus proximale en regard de la branche postérieure du 6ième nerf cervical. Ses douleurs sont permanentes et les nuits très courtes avec EVA = 4-5/10
Formé (pour le moment) aux modules 1 et 2 et en attente des prochains modules 3 et 4 je me suis lancé dans un plan de traitement (à pas de velours bien sûr).
Le traitement actuel consiste à traiter l’allodynie du domaine cervical (arc en ciel des douleurs bleu), ma question est : quelle CSVD dois je lui proposer ? un territoire supérieur ou inférieur au 6ième nerf cervical ?
D’autre part, le dégagement de la zone pulpaire du pouce sur le compressif a été réalisé pour limiter les contacts du tissu avec la 2ième allodynie. Mais comment puis-je savoir quelle est l’articulation siège du SDRC (se trouve-t-elle nécessairement en regard de l’allodynie ?) afin de lui prescrire la zone à ne pas bouger si possible ?
Merci pour les pistes de réflexion et les réponses que vous pourrez m’apporter,
Sincèrement,
Franck
Réponses
Merci pour la présentation de cette histoire de cas et pour tes questions!
Juste pour comprendre… lorsque tu dis que tu as fait les modules 1 et 2, est-ce que tu parles de 2/4 modules de la formation du niveau 1? Si c’est le cas, ton patient risque de présenter de grands défis pour toi… peux-tu avoir un RSDC®️ jumelé à toi pour t’épauler dans ton suivi?
Concernant la zone de CSVD, si tu as le manuel de 4e édition, tu trouveras la réponse à la page 214 à 216. Indice: les lésions au membre supérieur sont reliées aux niveaux cervicaux et aux premiers niveaux thoraciques. Donc une atteinte en cervical se traite comme une atteinte du membre supérieur.
Concernant le siège du SDRC, recherche l’articulation à capsule (p. 289) qui présente une sensation de brûlure de type cuisson (p.288) ou de froid douloureux et qui démontre souvent de la raideur.
D’autres peuvent compléter par d’autres références, conseils, idées ou stratégies pour aider Frank!
Bon succès Frank!
Au plaisir de vous lire!
Guyane Mireault, erg et RSDC®️
Cher Frank, chère Guyane,
Module = Session ; I + II correspond à la 1e partie de la formation. Comme dirait Claude :
Niveau 1: session I (J1 + J2) + session II (J3 + J4): patients "simples"
Niveau 2: session III (J5 + J6) + session IV (J7 + J8): patients "complexes"
Niveau 3: certification RSDC / CSTP / zert. SST
Niveau 4: re-certification: patients "plus complexes".
Pour cette situation, qui n'a pas l'air simple, Guyane a déjà admirablement aiguillé !
Du coup, Frank, as-tu trouvé une zone de travail confortable pour ton patient ?
Pour aller plus loin, j'aurais plusieurs questions :
1) si tu recherches une zone segmentaire de contre-stimulation vibrotactile, cela signifie que tes zones proximale et cousines ne sont pas confortables. A quoi ressemble ta prescription de ne pas toucher ?
2) comment as-tu adapté le quotidien de ton patient à partir de là ?
3) qu'as-tu fait des patchs de lidocaïne ?
4) quelle est la sévérité de l'allodynie mécanique sur le territoire des nerfs collatéraux palmaires du nerf médian ?
N'hésite pas à nous tenir au courant de ton avancée et de tes réflexions
Belle fin de semaine à toutes et tous,
Florine, RSDC®
Fribourg (CH)
Merci Guyane et Florine pour vos précieuses réponses.
Pour répondre à Guyane j’ai donc suivi le module 1 uniquement pour le moment et attends la suite avec impatience . Et j’embête aussi un copain RSDC de temps en temps pour qu’il m’aide !
En ce qui concerne la prescription de ne pas toucher si possible j’ai déterminé tout le bras droit depuis les doigts en remontant jusqu’aux cervicales côté droit et englobant bien sûr l’allodynie cervicale (prescription : du coup enlèvement complet du gant compressif (je n’avais pour l’instant libérer que le pouce) et, si possible, rester torse nu dans la maison (à la Réunion c’est plus facile !) Son ergo référente (on essaie de travailler à deux) lui a fabriqué un accessoire en thermo qui permet d’éviter le contact du tee shirt sur la surface allodynique lorsqu’il sort de chez lui. Pour le SDRC, prescription de ne plus bouger le pouce (IP) si possible et éviter les prises pulpaires (proposition de le relatéraliser à gauche pour un temps mais va-t-il y adhérer ?)
L’installation au lit a été revu et on a pu mettre en place avec des coussins de positionnement une installation lui faisant gagner une heure de sommeil (sans contact avec l’allodynie cervicale).
Je vais donc chercher en Th1 ou Th2 si je trouve une zone confortable pour les CSVD. Et pour ensuite lui proposer les patchs de lidocaïne sur ces zones là la nuit.
Pour l’arc en ciel des douleurs de la pulpe du pouce, je n’ai pas encore fait l’évaluation puisque je me concentre sur l’allodynie cervicale, à moins qu’il ne faille aussi en faire l’évaluation complète ?
De toute manière il me parait nécessaire de traiter en priorité les cervicales.
Ma prise en charge a l’air un peu décousu mais je m’efforce à y mettre de l’ordre merci encore pour vos réflexions qui me font bien avancer.
A bientôt Franck.
Bonjour à tous,
la situation semble plutôt bien se préciser,
si je peux juste revenir sur l'intitulé de la discussion: "Névralgie cervico-brachiale depuis 2013", est ce que tu peux définir non pas 1 mais 2 conditions neuropathiques avec 2 domaines différents: 1 cervicale et 1 brachiale?
à bientôt
Céline, RSDC
Bonjour Céline, et merci pour ta remarque,
effectivement, j'aurais pu écrire pour la première condition neuropathique : SDRC des nerfs collatéraux palmaires du nerf médian avec allodynie mécanique (stade V de lésions axonales A béta) ;
et pour la deuxième condition : je dirais névralgie incessante de la branche postérieure 6ième nerf cervical (stade IV de lésions axonales A béta) avec allodynie mécanique.
Voilà pour mes hypothèses ,
à bientôt ,
Franck
Bonjour à toutes et tous,
Cher Franck, je te félicite pour tout ce que ta collègue et toi avez déjà mis en place ! Lui avoir fait gagner 1h de sommeil est déjà un succès !! Les nuits sans repos, qui sont presque caractéristiques des SDRC de Budapest, sont un véritable fardeau pour les patients.
Ne pas hésiter à lui "prescrire" des siestes dans la journée, de 20 à 45 minutes, pour récupérer encore un peu plus de sommeil.
Je reviens également sur deux points :
1) ta prescription de ne pas toucher ne devrait comprendre "que" les branches cousines des nerfs collatéraux palmaire du nerf médian ainsi que les niveaux segmentaires supérieurs à ta zone de contre-stimulation jusqu'à C6-C7
-> ton patient devrait pouvoir avoir du contact sur les autres territoires de la main, de l'avant-bras et du bras. Alors soit, ça ne l'aidera peut-être pas pour l'écriture s'il s'agit de sa main dominante, mais ça peut aider moralement de savoir que ce n'est pas tout son membre supérieur qui devient intouchable.
2) connaître la sévérité de l'allodynie mécanique sur le pouce ne modifiera rien à ton traitement avec la contre-stimulation tactile à distance. Mais elle pourrait modifier tes priorités : il se pourrait que l'allodynie mécanique présente sur le pouce soit plus sévère que celle présente au niveau des cervicales.
Je te souhaite une belle continuation,
Au plaisir de te lire de nouveau prochainement !
Florine, RSDC®
Fribourg (CH)
Tout d’abord, merci Franck de te lancer dans la définition de conditions! Pas évident après la 1e partie de la formation de s’y retrouver avec toutes ces nouvelles connaissances! Bravo pour la nomenclature du SDRC! Laisse-moi t’aider concernant la nomenclature de la névralgie en te posant une nouvelle question dont Céline avait présenté l’indice…
N’y a-t-il pas autant de névralgies que de domaines (anciennement départements)? Voici un exemple de nomenclature pour une douleur au membre inférieur: «névralgie fémoro-poplitée intermittente du nerf cutané sural latéral gauche avec allodynie mécanique (stade III de lésions axonales Aβ) ». Je te laisse faire l’exercice de renommer ta condition névralgique pour le bénéfice de tous! (Moi-même, j’ai mieux compris comment nommer les conditions en lisant différents exemples!)
Autres détails pour remettre en place les bons termes et faire un rappel à tous et toutes: nous sommes à poser une hypothèse AVANT de faire ressortir les signes d’examen clinique par l’arc-en-ciel des douleurs, l’allodynographie, ou l’esthésiographie. Une fois que notre examen clinique confirme notre hypothèse, nous parlons alors de CONDITION et non plus d’hypothèse! 😉
En espérant que mes commentaires puissent aider à consolider des acquis pour celles et ceux qui avaient encore des incertitudes dans la manière de rédiger des conditions ou d’utiliser une partie de la terminologie!
Au plaisir de te relire, Franck!
Guyane
Quel bonheur de sentir nos échanges constructifs pour soutenir les nouveaux RSD et même pour faire des rafraîchissements aux plus expérimentés!!
Belle fin de soirée!
Guyane
Bonjour à toutes et tous,
suite à vos remarques et pour être complet sur le cas clinique détaillé, je dirais pour la deuxième condition neuropathique : névralgie cervicale incessante de la branche postérieure du 6ième nerf cervical (stade IV de lésions axonales A béta) avec allodynie mécanique.
J'ai également clarifié les zones à ne pas toucher si possible sur le bras droit (et non pas tout le bras merci Florine) à savoir les les branches cousines des nerfs collatéraux palmaire du nerf médian.
merci encore pour votre et désolé du délai de réponse,
à très vite, Franck.
Merci d’avoir renommé ta condition neuropathique en considération le domaine cervical. Ceci nous aide à se rappeler que les névralgies (stades III ou IV de lésions axonales Aβ) se définissent d’abord par le domaine (anciennement appelés départements) qu’on retrouve aux pages 94 et 95 de notre atlas francophone, ou au recto de la dernière page cartonnée de l’atlas.
Tiens-nous au courant de l’évolution de cette situation, si tu le veux bien. Nous pourrons continuer d’apprendre ou t’aider selon ton expérience et tes besoins.
Bonne et belle journée!
Guyane