Bonjour,
J'ai une nouvelle patiente qui malheureusement pour elle a une allodynie de tout le bras droit ( poignet à l'acromion) avec arc en ciel des douleurs jaune. Puis une seconde allodynie de toute la jambe gauche également ( orteils à l'aine/fesse) en arc en ciel des douleurs bleu.
Compte tenu des zones très étendues de l'allodynie, la prescription de ne pas toucher est impossible à réaliser.
De plus, elle porte une attelle de releveur carbone pour son pied gauche qui lui provoque encore plus de douleur, mais elle est incapable de marcher sans.
Je n'ai malheureusement pas de recul de la zone d'allodynie depuis 3 semaines.
Que faire ? Avez vous déjà eu des cas similaires ?
Merci d'avance pour vos réponses !
Julie
Réponses
Merci de nous présenter cette situation pour nous aider à réfléchir avec toi.
Voici mes questions:
Quel membre ta patiente souhaite traiter en premier (MS droit ou MI gauche)?
As-tu essayé de prioriser une branche nerveuse à évaluer/traiter? (Ou un territoire incluant le débordement allodynique, s’il y a lieu?)
Peux-tu nous nommer la ou les conditions que tu as évaluée(s) jusqu’à maintenant?
C’est un cas complexe… As-tu suivi la formation avancée? Sinon, penses-tu pouvoir trouver une RSDC qui pourrait t’épauler en attendant que tu ailles suivre la formation avancée?
D’autres ont des commentaires ou questions pour Julie?
Guyane
Je suis bien d'accord avec les questionnements très pertinents de Guyane. Et aussi, avec une aide du réseau et de collègues RSDC, c'est effectivement un cas complexe.
Une question supplémentaire: y aura t-il une zone de travail CSVD confortable pour cette dame (fort certainement en sectoriel thoracique)?
Une autre question qui me vient en tête est l'adaptation de l'orthèse : y aurait-il des moyens pour diminuer la douleur?
L'orthesiste avec laquelle je travaille regorge de bonnes idées pour diminuer la douleur au port des orthèses qui ne peuvent pas être évitées. En expliquant bien la condition neuropathique, as-tu quelqu'un qui pourrait t'aider à adapter l'orthèse?
Une dernière question est : y aurait-il des aides techniques, des aides à la marche ou de l'aide humaine qui pourraient aider la dame à respecter autant que faire ce peut les précautions?
Bonne réflexion!
Véronik Gibeau
RSDC
Québec
Merci pour vos réponses.
Je n'ai pas encore suivi la formation avancée, je suis formé depuis mars seulement.
La patiente préférerai soigner le MS en premier.
Je suis un peu embêtée pour prioriser une zone étant donné que le débordement est tellement conséquent.
J'ai cartographié l'allodynie au niveau du poignet et de l'épaule en laissant tout l'entre deux de côté. La patiente me précise que la douleur est la plus concentré au niveau du nerf cutané postérieur du bras.
Idem pour le MI, j'ai fait une allodynographie en partant du pied jusqu'au plis de l'aine. Avec un pic de douleur au niveau du nerf plantaire et surtout du gros orteil.
Aujourd'hui elle présente une névralgie incessante bras droit et jambe gauche (stade 4 de lésion axonales Abeta) avec allodynie mécanique.
Désolé pour les branches mais c'est impossible à nommer vu le débordement.
La contre stimulation est agréable en thoracique.
Malheureusement je ne connais pas d'orthésiste pour modifier l'attelle.
Concernant l'aide technique, un fauteuil roulant serait le mieux pour le pied mais il y aurait toujours du contact. Je ne suis pas sur non plus que ça aiderait pour le bras, étant donné qu'il poserait sur l'accoudoir et il serait impossible pour elle de le faire avancer.
Je suis proche de Grenoble et ai discuté avec elle du projet de se rapprocher du centre d'Uriage où ils sont formés à la technique. Elle n'est pas contre et va voir avec son médecin pour y entrer en septembre.
Merci pour votre aide.
Julie
Mmh, je dirais le contraire:
Il est impossible de cartographier une allodynie
sans poser l'hypoesthèse une branche lésée
avec
.......
l'anamnèse clinique
Bonjour à toutes et tous,
J'imagine l'enfer de la situation de ta patiente, Julie...
Contente de voir qu'elle est partante dans ce projet de septembre. Il semblerait que l'épreuve du non-toucher ne l'empêche pas complètement d'envisager un mouvement vers un ailleurs, un futur différent. Si infime et intime que soit ce mouvement, il est essentiel de préserver sa vigueur.
N'oubliez pas qu'en complément à vos soins techniques rigoureux, ce qui lui permettra de "tenir le coup", d'être encore sur le fil de ses petites joies, c'est aussi la stabilité et la poursuite de l'alliance thérapeutique, à travers vos mots, vos gestes, votre regard, à chaque session; car entre une session et une autre, le fil d'espoir peut être laminé par l'incessant de la douleur et l'isolement qu'implique une allodynie.
Je lui envoie les mots que Claude avait écrit en août 2015 dans les e-News :
"Et pourtant mes six sens ne sont pas tous obstrués par les décharges-coups de jus-chataignes-sonnées-lancées-tirées-chenaillées. Quelques portions de ma peau peuvent encore être confortables au toucher, quelques instants du moins.
Il est encore possible d’être sur le fil de mes petites joies."
(https://somatosens.squarespace.com/articles/etre-sur-le-fil-de-mes-petites-joies)
Bonne chance !
Estelle, ex-soignée
Julie,
Il est toujours bon de faire appel à des personnes plus expérimentés pour des cas complexes, l'humilité est une de nos plus importante compétence nécessaire face à nos patients douloureux. Toutefois, cette expérience pourra aussi te servir par la suite avec d'autres patients mais aussi pour le niveau 2 de formations.
On a tous mn je pense était tenté de pendre le chemin inverse lorsque l allodynie était trop étendu mais la rigueur du protocole permet de donner de l'objectivité à nos traitements et l'écoute du patient la priorisation de ceux-ci.
La base de l'évaluation de la douleur est le TILT. Il est à prendre en compte dans l'anamnèse du patient avant toute chose. Pour pouvoir réaliser notre allodynie sur le bon territoire de provenance cutané.
Maéva
RSDC
Cadre de santé
Ou en es ta patiente dans sa rééducation ?
Au plaisir de te lire