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Lésions des nerfs périphériques d’origine psychosomatique?

Bonjour,
Suite à une discussion avec une physiatre de notre Centre, je tente de comprendre pourquoi nous retrouvons l’origine psychosomatique parmi les origines des lésions des nerfs périphériques, tel que décrit à la page 53 du manuel de 4e édition.
J’ai tenté de lire l’article de Colloca et al., Nat Rev Dis Primers, (2017) qui est en anglais et je n’arrive pas à trouver le passage qui affirmerait qu’une cause psychosomatique cause une véritable lésion axonale.
La physiatre m’écrivait ceci: « … la définition même d'une atteinte psychosomatique (on privilégie maintenant le terme "trouble neurologique fonctionnel" quand il s'agit de symptômes neurologiques) est une absence de lésion ou trauma pouvant expliquer les symptômes. Donc suggérer qu'une lésion d'un nerf périphérique est d'origine psychosomatique est contradictoire. L'atteinte psychosomatique cause des signes et symptômes similaires à une lésion nerveuse mais en réalité, le nerf n'est pas lésé. »
Avez-vous lu des articles qui décrivaient comment un trouble psychosomatique pouvait réellement causer une lésion axonale?

Merci de vous pencher sur cette question avec moi!

Guyane

Réponses

  • juin 2023 modifié

    Chère Guyane,

    Tout ceci n'est certes pas simple, mais COMPLEXE.

    • (Colloca et al., Nat Rev Dis Primers, 2017) en page 53 de la 4e édition (à ne pas sous-estimer pour celles et ceux qui en sont encore à la 2e ou 3e édition ...)
      est écrit après la 6e et nouvelle étiologie des lésions axonales Aβ
      soir l'étiologie biochimique ... de certaines chimiothérapies.

    • "Troubles neurologiques fonctionnels" est bel et bien la dénomination technique des troubles neuroilogiques d'étiologie psycho-somatique.

    • il est erroné de prétendre est une absence de lésion ou trauma pouvant expliquer les symptômes.

    • Prof Selma AYBEY, médecin-cheffe de l'Unité psychosomatique du CHU de Bern (Suisse) dit que la stratégie thérapeutique pour ces patient·es consiste à ne plus chercher les lésions neurologiques majeures (neurotmèse ou transsection), car ces patient·es ont des lésions mineures non-objectivables. C'est, à nouveau, la "logique" cartésienne qui trahit le raisonnement clinique.

    • A toi, Guyane, de mettre en évidence les lésions axonales Aβ mineures.

    L'étiologie psycho-somatique est intéressante, car les lésions proviennent dans la règle d'un conflit interpersonnel. Les patient·es connaissent cette personne. A nous, de leur apprendre à les gérer afin d'éviter une récidive ... souvent, je ne mets pas le nom de la branche cutanée nerveuse sur la carte (esthésio. ou allodynographie), mais le nom de cette personne. Nous apposons, alors, nos signature sur la carte. La victime et la-le thérapeute.

    C'est du niveau 4; c'est certain.

    Claude

  • En effet, plutôt complexe!

    Je pense comprendre ton explication. Il me reste à l’intégrer pour arriver à la redire avec les bons mots.

    Merci beaucoup!

    Guyane
  • Bonjour Guyane, bonjour Claude, et bonjour à tous, toutes,

    Merci d'avoir abordé cette thématique.
    Nous avons avec mon équipe pu accompagné récemment une personne présentant en diagnostique de prise en charge : trouble neurologique fonctionnel.
    Il nous a fallu sortir de nos stratégies classiques dans cet accompagnement car cela ne rentre pas dans les cases et de nombreuses discussions autour de ce sujet complexe effectivement on pu être initiées.

    Merci Claude de partager votre approche thérapeutique au centre, elle est forte intéressante.
    Nous avions avec mon équipe établi un projet de soins personnalisé décrivant les objectifs thérapeutiques de notre prise en charge et avions signé ensemble celui avec la personne.

    J'ai bien pris note de l'approche thérapeute et n'hésiterai pas à l'utiliser par la suite sur le fait de mettre le nom de la personne plutôt que la branche cutanée nerveuse.

    Merci à vous deux.

    A très vite
    Elodie
  • Bonjour Guyane, bonjour Claude, bonjour à tous,

    J'ai effectué quelques recherches pour approfondir le sujet.

    Nous savons que les troubles neurologiques fonctionnels également connus sous le nom de troubles somatoformes sont des affections qui se manifestent par des symptômes physiques tels que des douleurs (mais pas que) sans qu'aucune cause organique ne puisse être identifiée.
    Cela ne signifie pas que les symptômes sont "inventés" ou "feints", mais plutôt que le stress psychologique peut se manifester par des symptômes physiques réels et souvent invalidants.

    Il est important de souligner que les troubles neurologiques fonctionnels sont de véritables problèmes de santé et ne sont pas "dans la tête" du patient. Même si les causes peuvent être liées à des facteurs psychologiques, les symptômes sont réels et peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie d'une personne.

    (N'hésitez pas à me corriger si j'ai mal compris certains éléments).

    En ce qui concerne les données scientifiques sur le sujet :

    Selon certaines données probantes, ces troubles peuvent souvent être causés par des facteurs psychologiques et émotionnels, tels que le stress, l'anxiété et la dépression.
    Des études ont montré que ces facteurs peuvent avoir un effet sur le système nerveux autonome, qui contrôle les fonctions involontaires du corps telles que la respiration, la digestion et la circulation sanguine.

    L'article "A model of neurovisceral integration in emotion regulation and dysregulation" de Thayer et Lane propose un modèle pour comprendre les mécanismes biologiques qui sous-tendent la régulation émotionnelle. Selon ce modèle, les émotions sont régulées par l'interaction entre le système nerveux central (SNC) et le système nerveux autonome (SNA) si j'ai bien tout compris.

    J'ai aussi vu qu'une étude publiée en 2016 dans la revue scientifique Biological Psychiatry a montré que les patients souffrant de troubles somatoformes ont une activation anormale de certaines zones du cerveau impliquées dans le traitement de la douleur et de l'émotion. Cette activation anormale peut contribuer à la manifestation des symptômes physiques.

    La théorie psychosomatique suppose, quand à elle, qu'il y a une interaction complexe entre l'esprit, le corps et l'environnement, qui peut conduire à la maladie. Le stress et d'autres facteurs psychologiques peuvent affecter le corps de diverses manières, et certains individus peuvent être plus susceptibles à ces effets en raison de leur génétique, de leur environnement, de leurs expériences passées ou de leur santé mentale.

    Ce qui rappelle aussi grandement la présentation de Sibele lors du module 4 a Fribourg pour expliquer la complexité la douleur.

    Il est donc vrai qu'il est complexe, dans le cas des troubles neurologiques fonctionnels, de comprendre précisément comment et pourquoi les symptômes se développent.

    Ce que j'ai pu lire sur l'accompagnement pour ces troubles, c'est qu'ils impliquent généralement une approche combinée qui peut inclure la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), les médicaments pour gérer les symptômes, et la physiothérapie ou l'ergothérapie pour aider à gérer les symptômes physiques.

    C'est donc là que nous intervenons en rééducation sensitive des douleurs neuropathiques.

    Voilà ce que j'ai pu trouvé pour le moment sur le sujet.

    A bientôt pour la suite de nos échanges.

    Elodie RSDC
  • juin 2023 modifié
    Chère Élodie,

    Merci pour toutes tes recherches et explications.

    Nous pouvons voir que la recherche n’explique pas tout, mais qu’il y a reconnaissance de changements qui ressemblent à ce que les douleurs neuropathiques provoquent (sensibilisation centrale entre autres) quand tu écris: « activation anormale de certaines zones du cerveau impliquées dans le traitement de la douleur et de l'émotion. »

    Il est donc possible de croire, comme ce que Claude rapporte d Prof Dr Selma Aybek, que de micro-lésions non-objectivables soient présentent en cas de douleurs d’origine psychosomatique.

    Bonne et belle semaine à toutes et tous!

    Guyane
  • Merci beaucoup à tous les 3 pour cet éclairage tellement intéressant et précieux.

  • "L'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence"

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