Salutations, Étranger !

Si vous souhaitez rejoindre la communauté, cliquez sur l'un de ces boutons !

"Confort" versus "Douleur" à l'E.V.A.

Bonjour à toutes et tous,

Le 11 avril dernier, j'assistais à un webinaire donné par Dr Pierre Rainville et Marie-Josée Rivard, Ph D. Psychologue. Leur sujet était: "L'hypnose au service de la gestion de la douleur". On y expliquait la différence au niveau des zones cérébrales analysant la douleur: Quand on parlait en terme de douleur, les zones stimulées étaient beaucoup plus grosses que lorsqu'on parlait en terme de "confort". Exemple de question plus convenable: "Quel est votre niveau de confort aujourd'hui?". Et la personne pouvait parler de confort en visualisant un thermostat et en plaçant son confort sur le thermostat. Elle pouvait même dire jusqu'à quel niveau elle souhaitait faire augmenter son thermostat pour se sentir plus confortable.
Ma question: Pensez-vous que nous puissions parler en terme de confort lorsque nous utilisons l'E.V.A. (i.e.: de "confort maximal" à "inconfort total"), ou si ça risque de trop changer nos références à la douleur inimaginable et faire trop varier les distances, dont l'invariant douloureux de 3 cm? Je pense que la réponse est que nous devons suivre le protocole qui parle en terme de "douleur", mais j'aime bien l'idée de modifier notre terminologie pour prévenir la stimulation de sensations de douleurs. Je l'applique déjà dans d'autres contextes.

Bonne journée ou soirée selon votre pays!

Guyane Mireault, RSDC, Namur, Québec

Réponses

  • Bonjour tout le monde,

    Merci Guyane pour ce partage d'expérience et d'information.
    Pour commencer je trouve cela très intéressant de s'intéresser au terme utilisé lors de notre accompagnement auprès de patient car comme nous avions pu échanger lors du module 4 à Fribourg avec la rencontre de Marc Zafran, nous avons tous un effet placebo mais aussi nocebo qu'il est important de prendre en compte dans nos prises en charge.
    Concernant ta question, je suis en accord avec ta reponse sur le fait de devoir suivre le protocole de la passation de l'EVA. Comme nous le savons il est aussi important d'utiliser des évaluations validées dans nos pratiques professionnelle et et il est donc important d'en respecter la passation.

    Comme Veronik nous l'évoque dans certaines discussion il est aussi parfois intéressant d'utiliser la reformulation et le terme confort peut me semble t-il nous etre utile.

    Les patients utilisent régulièrement le mot inconfort et je pense donc qu'il peut etre justicieux comme tu le propose d'utiliser cette question pour débuter la séance en leur demandant comment est leur niveau de confort aujourd'hui.

    En vous souhaitant à tous une bonne journée.

    Elodie RSDC
  • Chères Guyane et Élodie,
    cher.es membres du réseau,

    MERCI de questionner votre pratique si régulièrement !!!

    Jouer sur les mots, oui bien sûr, c'est important...c'est un jeu à prendre au sérieux !

    En tant qu'ex-soignée, au niveau de l'EVA, je pense que la notion de "douleur inimaginable" ne peut pas être remplacée par "manque total de confort". Ce n'est vraiment pas la même chose. Comment le.la patient.e pourra exprimer la notion de lancinant, de harcelant...par exemple?

    Par contre, pouvoir bénéficier de sessions d'hypnoses (méthode Erickson) est vraiment un plus. Très aidant au niveau de la gestion de la douleur. L'exercice de visualisation d'un thermostat grâce auquel il est possible de réguler l'intensité de la douleur est bénéfique ou... visualiser par exemple l'application de pétales de rose, en ayant au préalable recherché d'autres images et mots apaisants ensemble avec la thérapeute. C'est une pratique qui puise dans les ressources de l'inconscient et du symbolique, et qui, bien menée, redonne de l'énergie pour tenir sur la longueur.

    En ce qui concerne les contre-stimulations vibrotactiles à distance de la zone allodynique, réalisées à domicile, le mot "confort" me faisait à chaque fois tiquer...car une zone réellement confortable a été compliquée à trouver. Au départ, pendant 2 semaines, il n'y en avait aucune. Puis je me suis mise à associer "confortable" à du "pas pénible", et surtout à ne jamais insister dès que j'allais avec le pompon vers du "plus irritant".

    Ce n'était plus le "confort" du "corps d'avant les douleurs neuropathiques" mais j'ai intégré ce mot à celui de "douceur" lors des séries de passage de textiles, de concentration et contact proprioceptif privilégié. Cet aller-retour du textile fait passer d'une sensation très douce du membre sain à une sensation sur le chemin de la douceur, pour l'autre...

    STOP (297 mots…)

    Bonne soirée/journée !
    Estelle

  • Chère Élodie, chère Estelle,

    Merci pour vos commentaires! Élodie, ton commentaire confirme mes impressions. Les liens avec l’effet placebo/nocebo de Marc Zafran est exact aussi!

    Merci Estelle de partager ton vécu. C’est très aidant de connaître comment sont perçues nos interventions de la part des soignés! Je considèrerai définitivement tes impressions d’ex-soignée!

    Belle soirée/nuit à toutes et tous!

    (J’espère que mon message ne paraitra pas 3 fois, on dirait qu’il ne veut pas se publier et je recommence la fin chaque fois…)

    Guyane
  • Chères Guyane, Elodie, Estelle,
    Cher·ères tou·tes,

    Je dirais que ces considérations qui ont du sens ont leur place sur la feuille du McGill Pain Questionnaire.

    Cependant un outil d'évaluation ne peux pas être modifié SI nous voulons encore l'intituler:
    Echelle Visuelle Analogique (EVA)
    Huskisson, E.C. (1974). Measurement of pain. Lancet, 9(11), 1127-1131.
    Scott, J. & Huskisson, E.C. (1976). Graphic representation of pain. Pain, 2, 175-184.

    Derrrière, nous avons ses traductions en une bonne dizaine de langues.

    Nous avons maintenant dasn chaque salle de thérapie deux stylos:
    Violet: pour les effets placebo
    Brun: pour les effets nocebo.

    Lorsque les patient·es évoquent des phrases qui les ont heurté et qui s'en souviennent de telle ou telle autre manière, je leur tends le stylo brun et leur fait écrire, en ouvrant les guillements, la phrase en question:
    "Tu n'as pas envie de guérir" ...
    "C'est dans ta tête, t'as juste peur d'avoir mal et d'être touchée" ...

    Toute belle journée

    Claude

  • Merci Claude!

    Très intéressant!!

    Belle journée à toi et toutes/tous!

    Guyane
  • Bonjour toutes et tous,
    Quels bonnes pistes d'intervention vous nommez ici.
    Parlons confort au quotidien.
    Continuons avec l'EVA qui serait effectivement difficile à changer/valider... (Mais l'idée est pertinente selon moi d'eventuellement voir si une évaluation échelle visuelle analogue du confort sera développée et validée).
    J'adore le mot douceur d'Estelle et pas pénible aussi, avoir en banque différents mots est très aidant pour nos clients qui peinent à s'exprimer et à comprendre.
    Et Claude, quelle bonne idée d'écrire avec les feutres brun(nocebo) et violet (placebo).
    Comme les écrits restent, j'ajouterais une 2e partie à l'exercice:
    Reformuler-restructurer avec le soigné la phrase nocebo (brun) en phrase placebo (violet), qui est constructive.
    Exemple: brun : " Tu n'as pas envie de guérir ". On peut même la rayer selon moi... On ne veut pas qu'elle reste.
    On demande au soigné comment transformer la phrase brune en phrase placebo violet.
    Voici comment ma patiente à transformé cette phrase lors d'un exercice que j'ai fait avec elle vendredi:
    Violet : moi je sais que je fais tout ce que je peux pour guérir, je n'ai pas le contrôle sur ce que les gens disent.
    Elle a bien aimé l'exercice.
    D'ailleurs, c'est un exercice que j'ai fait dans mon cours MBSR (mindfullness stress based réduction), transformer une croyance limitante en croyance créative/constructive. Selon la prof MBSR qui a étudié en neuroscience, il faudrait écrire la phrase 100 fois pour qu'elle soit bien intégrée... Je trouve ça un peu trop pour nos soignés, mais se répéter la phrase placebo, l'écrire sur un post-it au miroir et la lire souvent aiderait sûrement beaucoup à l'intégrer.
    En espérant vous donner l'envie d'essayer cet exercice.
    Bonne journée à tous,
    Véronik RSDC
  • mai 2023 modifié
    Merci Véronik!
    Je vais aussi pratiquer cet exercice avec mes patientes, particulièrement avec celles que je suis depuis 1 an ou 2 et avec qui la nouveauté de recommandations ou d’activités apporte toujours un espoir de plus!
    Belle soirée/nuit à toutes et tous!
    Guyane
  • mai 2023 modifié

    C'est un sujet de niveau 4

    Contexte: lors du 4e module niveau 4 auquel participait, entre autres, Guyane et Véronik, nous avons travaillé sur ces thèmes d'effets placebo et nocebo.

    Personnelement, je ne modifierais pas, dans un premier temps, ces phrases. Je laisserais les patient·es les déposer, pour les re-connaître.

    Puis, 2 ou 3 semaines plus tard, il serait possible de les modifier, petit à petit.

    Sur https://www.somatosenspainrehab.com/articles
    dans la rubrique aphorism
    vous trouverez un grand nombre de phrases qui aident au coping, aux stratégies de faire-face.

    Ce travail sur les croyances est demandé par l'University of Oxford depuis 1996, date à laquelle l'evidence-based medicine a été fondée. Les circonstances, valeurs et croyances des patient·es étant un des trois piliers de la prise de décision des stratégies thérapeutiques.
    https://www.neuropain.ch/sites/default/files/e-news/chaput_et_al_e-news_14_2.pdf#page=2

  • Bonjour à tous,

    Merci pour votre partage qui enrichi ma pratique au quotidien. Je vais aller faire un peu de lecture pour approfondir le sujet.

    Je comprends bien l'importance de laisser les patient·es les déposer, pour les re-connaître.

    Véronik, tu aborde ton cours mindfullness stress based réduction, as tu approfondi ta pratique par une formation complémentaire en Thérapie comportemental et cognitive ?
    As tu des lectures à me recommander cela m'intéresse.

    En vous remerciant
    A très vite
    Elodie
  • Bonjour à tous,
    Pour répondre à ta question Élodie, oui j’ai suivi des formations en thérapie cognitivo-comportementale, en thérapie de l’activation comportementale et je lis beaucoup sur le sujet. Je lis aussi sur l’ACT thérapie. Je travaille auprès de clients souffrant de trouble de santé mentale transitoire.
    Mes auteurs favoris sont :
    -Jon Kabat-Zinn, Ph.D., professeur en médecine a l’Université du Massachusets aux États-Unis, fondateur du MBSR en 1979.
    -Christophe André, écrivain, psychiatre et psychothérapeute français.
    Et voici quelques suggestions :
    - livre audio : KABAT-ZIN, Jon. Méditation de pleine conscience pour soulager la douleur, Soundtrue (P)2010 / 2018 / 2018 Jon Kabat-Zinn / ADA AUDIO label de SGNT Média inc. (désolée, je ne sais pas comment écrire une référence de livre audio).
    -ANDRÉ, Christophe. Méditer jour après jour: 25 leçons pour vivre en pleine conscience, Iconoclaste, 2014, 304 p.
    -DIONNE, Frédéric. Libérez vous de la douleur par la méditation de par l'ACT, Payot, 2014, 256 p.

    Merci Claude et Élodie de me faire penser de mettre des références à mes suggestions. C’est très important l’ EBP.

    Bonne journée à tous
  • juin 2023 modifié

    ATTENTION

    Je suis au regrêt d'émettre de grandes réserves sur Jon Kabat-Zinn.

    Au début de ce printemps, dans le contexte de la rédaction de la lointaine 5e édition du Manuel, j'ai passé une semaine à creuser les origines de la mindfulness qui ne comprend pas le terme pleine [conscience] ful ici n'a pas deux ff. De plus, le concept conscience est une traduction malheureuse pour mind car en français la conscience évoque d'abord la raison. Fabrice Midal et tant d'autres - dont moi - s'élève contre cet abus de langage. Il amène un contre-sens à la méditation qui justement souhaite se libérer temporairement de la conscience ...

    Jon Kabat-Zinn est un pur produit nort-américain qui s'est approprié un immense savoir en sanskrit en citant aucune de ses sources !!! ce qui de la part d'un PhD est assez hénaurme.

    Je vous mets en avant-première notre synthèse provisoire sur ce thème:

    "Dans la voie tibétaine « ce qui est » renvoie, en sanskrit, à une quin-tessence de cinq स्कन्ध |skandha| agrégats, à percevoir de manière dia-logique : l’ignorance, la sensation, la perception, le concept, la conscience – à ne PAS appréhender comme une élévation spirituelle par étapes chronologiques (Trungpa, 1976) – ce n’est PAS une échelle à gravir, mais plutôt une synthèse, toujours plus vaste, à appréhender."

    Il n'empêche que retourver notre souffle et respirer est au coeur de l'existence entre ciel et terre.

    Comme écrivait si bellement Ettie Hillesum, 28 ans:
    "je porte en moi la terre et je porte en moi le ciel".

    Claude Spicher, fondateur de la méthode de rééducation sensitive de la douleur

Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.