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Bonjour à tous chèr(e)s rééducateurs (rices) de la sensibilité,
Une question, pour une patiente avec une Névralgie sacré intermittente du nerf cutané postérieur de la cuisse droite avec allodynie mécanique statique (Stade III de lésions axonales des fibres aβ)
Nous sommes à 2 mois du traitement, et il reste encore une zone étendue d’allodynie et la personne commence à être moins motivée pour réaliser ses stimulations pluriquotidiennes.
L’arc en ciel des douleurs révèle un arc en ciel violet, donc, une allodynie plutôt faible (avec une annonce d’une durée de traitement d’un mois environ).
A distance de deux mois : Elle me pose ainsi la question de débuter la seconde partie du protocole, soit le traitement de l’hypoesthésie sous-jacente, même s’il reste une toute partie de peau allodynique. Je me souviens très bien, qu’il faut attendre que la zone de peau soit complètement traitée sous peine de stimuler à nouveau la peau douloureuse… mais existe-t-il une alternative à la diminution de son investissement.
Que lui proposer s’il reste une zone allodynique ?
Encore une question, qui a déjà été évoqué, mais dont j’ai oublié la réponse et j’ai d’un coup un doute sur ma pratique.
Lors de chaque séance : nous reprenons l’allodynographie ou l’arc en ciel des couleurs. D’où reprenons-nous l’évaluation ? Nous plaçons notre esthésiomètre au niveau des points de l’allodynographie précédente ? ou on repart des points les plus éloignés du territoire de provenance cutanée ?
Merci Julie
Réponses
Bonjour Julie,
Je vois que tu n'as pas eu de réponse ce dernier mois, alors je me lance !
Je vais commencer par la fin : on reprend généralement l'évaluation au point cartographié le plus récent. Si ta patiente te dit stop sur ce point, tu l'entoures. Sinon, tu avances (1 cm si la personne ne te dit rien ; 1 mm si la personne te dit que "ça commence" ou "ça augmente").
En ce qui concerne ta patiente et le fait de la garder motivée, la plupart de nos patients ont des petits coups de mou durant la thérapie, surtout dans des traitements qui prennent plusieurs mois. A ce moment là, l'éducation thérapeutique du patient a toute sa place :
En tout cas, il faut éviter de stopper le traitement. Dans le cadre d'une hypoesthésie tactile, la situation stagnerait (tu pourrais refaire tes évaluations 1 an après et tu retrouverais les mêmes scores de SPP et de test de discrimination de 2 points statiques). Mais dans le cas d'une allodynie mécanique, les mécanismes de sensibilisation vont reprendre le dessus et la situation risque d'empirer.
Finalement, qu'as-tu fait dans cette situation particulière ?
Quoi qu'il en soit, chaque situation nous apprend des choses pour les prochains patients que nous accueillerons
Au plaisir de te lire prochainement,
Florine, RSDC®
Fribourg - CH
Pour compléter ce que Florine a si bien répondu, quand nous sommes rendues à l’arc-en-ciel des douleurs violet, soit à 15,0g, nous faisons systématiquement une allodynographie qui est aussi à 15,0g. Donc l’arc-en-ciel des douleurs devient une allodynographie. Elle est faite à chaque semaine.
Sinon, l’allodynographie est faite habituellement à la 1e, 5e, 9e, 13e semaine, etc.
Pour les autres couleurs de sévérité discrète de l’arc-en-ciel (indigo ou bleu), l’AEC des douleurs est faite une fois aux deux semaines (semaines 2, 4, 6, …). Explications plus en détail à la page 191 de notre manuel de 4e édition.
Bonne journée!
Guyane, RSDC®
Namur, Québec
Chère Julie,
En écho aux propositions de Florine, je te conseille de ne pas hésiter à répéter en quoi consiste la méthode, et à insister particulièrement sur ce qu'est l'allodynie, hypoesthésie paradoxalement douloureuse dont la zone ne doit pas être touchée. Lors du passage du pompom, il est important qu'elle arrête de le passer avant que ce ne soit désagréable. Si durant une période, elle le passe moins longtemps, c'est ok pourvu qu'elle n'y aille pas en force, à coup de volonté pour pouvoir passer à autre chose...Il me semble qu'il faut qu'elle récupère la sensation confortable pour que son cerveau l'enregistre.
Tu pourrais faire lire à ta patiente, piétinant sur le seuil, appréhendant une transition nébuleuse, si elle est sensible aux mots, des textes des e-News :
Somatosens Pain Rehab 2017,14(3) 이성복 - Yi Seong-Bok. (1986 [2005]) - "Ombre et pénombre", p.118 : Des choses qui viennent après la douleur. Paris : Belin.
"Quand la nuit sera tombée
Le chemin te conduira
N'hésite pas
Comme l'enfant mort flotte sur les vagues
Nous flottons dans le regard de notre mère,
La souffrance qui maintenant ouvre à peine ses ailes
A été elle aussi prévue depuis longtemps
S'il vient des oiseaux de passage inconnus
Fais-les coucher là où il y a de la chaleur dans ton cœur
Comme tu n'as pas voulu ta souffrance
Ils sont venus d'un lieu trop lointain
Jusqu'à ce qu'arrivent les jours paisibles
Comme les tremblements fréquents des fleurs de pêcher un jour de vent,
Regarde le chemin qui s'approche
De là vient la nuit
Le chemin qui n'est ni sombre ni clair
Te conduira"
Comme tout apprentissage, la méthode de RS n'est pas linéaire, il peut y avoir effectivement des passages à vide :
Somatosens Pain Rehab 2018, 15(2) p.68 :
« La douleur emprisonne le temps, elle prive l’individu de ses attentes, de ses surprises,
elle trace une ornière dans la durée avec le sentiment d’y être embourbé sur un mode
irrémédiable même s’il continue à se battre, à chercher de solutions. L’individu est dans
l’indifférenciation du temps, il n’est plus dans la durée, mais dans la persistance du mal."
(Le Breton, 2010)
A propos de l'importance de la régularité des exercices, de la patience à avoir, de la confiance qu'elle peut développer dans une méthode qui a fait ses preuves, elle peut lire le témoignage de MD, dans la Somatosens Pain Rehab 2014, 11(4) "ponto da vista n°20
Avançar e viver: É assim que vejo o caminho para a cura.
Avancer et vivre: Voici comment je vois mon chemin vers la guérison.
É indo em direcção da luz que ficamos mais longe do escuro.
C’est en allant vers la lumière qu’on s’éloigne des ténèbres
Um grão de areia cada dia e passado alguns meses uma montanha est à tua frente.
Un grain de sable chaque jour et après quelques mois une montagne est devant toi.
Todos os dias como um atleta de alta competição faço o meu treino de 8 x 1 m
Tous les jours comme un athlète de haute compétition je fais mon entrainement de 8 fois 1
minute.
É como uma flor no deserto que temos de regar todos os dias para continuar a viver.
C’est comme une fleur dans le désert qu’on doit arroser tous les jours pour continuer à vivre.
É como esvaziar uma banheira cheia de agua com uma colher de café.
C’est comme vider une baignoire pleine d’eau avec une cuillère à café.
Estranho não ? Com panos,pinceis ,algumas tecnicas e muito trabalho o meu braço esta muito
melhor. A minha vida todos os dias muda. Palavra de quem não utilizava o braço direito.
Etrange non ? Avec des draps, pinceaux, quelques techniques et beaucoup de travail mon bras
va mieux. Ma vie tous les jours change. Parole de quelqu’un qui n’utilisait pas le bras droit.
É como aprender o chinés é preciso trabalhar todos os dias. Os resultados vêm sem nos darmos
conta.
C’est comme apprendre le chinois : il est nécessaire de travailler tous les jours. Les résultats
viennent sans s’en rendre compte.
Para acabar tenho un agradecimento muito especial a fazer au senhor Spicher que me ajudou
muitissimo no meu tratamento.
Pour finir j’ai à remercier spécialement M. Spicher qui m’a beaucoup aidé dans mon traitement.
MD
Pourvu que vous vous écoutiez et entendiez bien!!!
Ca va le faire.
Bonne chance.
Estelle
Que de belles images pour encourager à poursuivre les efforts vers le succès de la guérison!
Guyane
Bonjour Guyane,
Juste pour préciser que la traduction n'est pas la mienne, elle aurait pu mais NON. Le mérite revient tout entier à MD qui a témoigné en 2014, avec ce texte puissant.
Bonne journée ;-)
Estelle
Oui, un texte vraiment puissant qui nous ouvre les yeux et nous porte à continuer de trouver d’autres exemples concrets dans la vie où tout est composé d’efforts et d’affrontements d’obstacles pour arriver à une finalité glorieuse!
Belle journée!
Guyane